Comme on s'y attendait, les «Frères musulmans» ont été dissous en Egypte. La justice est allée même très loin en procédant également à la dissolution de l'ensemble des mouvements, associations ou organisations liées à la confrérie. Dans l'une de nos précédentes éditions (Voir la Nouvelle République du 18 août 2013), nous avons indiqués que les autorités égyptiennes étudient les moyens légaux pour dissoudre le mouvement des Frères musulmans. Le moyen légal a été retrouvé à savoir : la justice, qui a interdit le parti islamique d'exercer. Le tribunal a décidé également de confisquer les biens de la confrérie et de dissoudre n'importe quelle association liée à cette organisation. Le jugement du tribunal réuni d'urgence lundi s'applique à la confrérie «qui n'a aucune existence légale» ainsi qu'à l'Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence Morsi et accusée de servir de façade à la confrérie, mais aussi à toute organisation qui en émane ou est financée par eux. Le Parti de la liberté et de la justice, bras politique des Frères musulmans, avait remporté les législatives fin 2011. Il pourrait tomber sous le coup de ce jugement, de même que l'Alliance contre le coup d'Etat, l'organisation pro-Morsi qui anime la contestation contre les nouvelles autorités. L'implacable répression visant les Frères musulmans et les partisans de M. Morsi a connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police ont détruit deux campements de milliers d'islamistes réclamant le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays. Dans la foulée, plus d'un millier d'islamistes ont péri, en grande majorité des manifestants pro-Morsi. Dans le même temps, plus de 2 000 membres des Frères musulmans ont été arrêtés. Leurs plus hauts dirigeants sont actuellement derrière les barreaux ou en fuite et leurs avoirs ont été gelés il y a une semaine. Ce n'est pas la première fois que l'organisation des Frères musulmans a été dissoute. Elle a fait l'objet à plusieurs reprises dans le passé mais profite à chaque mouvement populaire pour y revenir sur la scène politique. Les «Frères musulmans» est une organisation islamiste fondée en 1928 par Hassan el-Banna, à Ismaïlia au nord-est de l'Egypte, avec comme objectif une renaissance islamique. Elle a rapidement essaimé ses idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient, au Soudan et en Afrique du Nord, et a établi des «têtes de pont» jusqu'en Europe. Certains groupes de partisans se sont constitués en mouvements autonomes, comme le Jama'a al-islamiya ou encore le Hamas. En Algérie, c'est le HMS ou MSP (Mouvement de la société pour la paix) qui représente les Frères musulmans. Son opposition fondamentale et parfois violente aux Etats laïcs arabes a amené son interdiction ou la limitation de ses activités dans certains pays comme la Syrie ou encore l'Egypte. La lutte contre l'Etat d'Israël est au cœur du mouvement depuis sa fondation, et le théoricien du jihad armé, Sayyid Qutb, fut l'un de ses membres égyptiens les plus en vue. Néanmoins, ses différentes branches ont depuis condamné le recours à la violence en dehors de la Palestine. Le mouvement entretient avec les institutions promouvant le wahhabisme saoudien des relations alternant entre la coopération et la rivalité. La nébuleuse des Frères musulmans serait coordonnée par la Muslim Association of Britain de Londres, s'appuyant sur la Banque Al-Taqwa. Les Frères musulmans sont à l'origine de plusieurs assassinats d'hommes politiques en Egypte. En 1948, c'est le Premier ministre Mahmoud Fahmi qui a été éliminé un certain 28 décembre. Le président Anouar Essadate a été également assassiné le 6 octobre 1981 par le groupe du «Djihad islamique» bras armé de l'organisation des Frères Musulmans. Peu importe l'appellation, la dissolution de la confrérie sera un coup d'épée dans l'eau si toutefois, les mêmes mesures ne seront pas prises à l'encontre des autres mouvements islamistes.