Ameur Soltane, plus connu par le nom de Cherif, est un éminent médecin, un professionnel émérite de la chirurgie thoracique à l'hôpital Mustapha-Pacha et président de la SAOT (Société algérienne d'oncologie thoracique). La nouvelle de sa mort est tombé tel un couperet. L'enfant chéri de la ville de Bordj-Menaïel est mort. Qui était ce personnage, à l'enterrement duquel, au cimetière Lala Aïcha, une foule nombreuse est venue assister. Ameur Soltane était un brillant élève, que ce soit au primaire, au collège où au lycée. Il obtint son baccalauréat avec mention très bien et une moyenne suffisante pour suivre des études universitaires en tronc commun biologie pour enfin de compte choisir un cursus dans la spécialité médecine. Dès son jeune âge, il voulait devenir docteur en médecine comme l'a été son défunt père qui durant la période coloniale était le médecin de la ville aux côtés du Dr Lievre. On l'appelait Tbib Ameur, il possédait son propre cabinet médical à Bordj-Menaïel. Pour ceux qui ne le savent pas, Ameur Cherif Soltane porte le prénom de son défunt frère, décédé très jeune dans un accident de la route. Quelques années plus tard, Tbib Ameur décéda et ce fut la consternation pour la famille et pour les habitants de la ville des Coquelicots. Le cabinet médical ferma ses portes. Ameur Chérif Soltane voulait réussir dans ses études secondaires et universitaires dans le seul but de devenir médecin généraliste et rouvrir le cabinet médical de son défunt père. Un rêve très fort qu'il avait toujours respecté et défendu jusqu'à ce qu'il arrive à décrocher son diplôme tout en respectant le serment d'Hippocrate. Il avait relevé le défi de devenir médecin et réalisé son vœu de jeunesse. Une ambition forte accompagnée d'une obsession réaliste et justifiée. L' Algérie, la Santé et Bordj Ménaiel sont en deuil. Ils ont beaucoup perdu avec la disparition de Ameur Soltane, le personnage a beaucoup apporté à la médecine et s'est investi corps et âme dans la recherche dans l'oncologie thoracique devenant le number one dans cette spécialité. La ville entière de Bordj Ménaiel sombra dans la tristesse. Des groupes importants se formaient dans tous les coins de la localité et commentaient à voix basse la triste nouvelle mais dans la ruelle o ù se trouvait la villa parentale, dans un élan de solidarité, les gens de la ville s'étaient empressés de s'y rendre pour nettoyer la maison qui était auparavant inhabitée et aussi la grande route puis ils attendirent ainsi durant une grande partie de la nuit l'arrivée de la dépouille du défunt qui en fin de compte est arrivée aux environs de minuit. Un malade qui a préféré garder l'anonymat nous a dit : «Je tenais absolument à être présent à son enterrement, c'est ma façon de montrer ma gratitude à celui qui a beaucoup fait pour moi et qui m'avait opéré. Puisse Dieu l'accueillir dans son Vaste Paradis.» Un autre patient raconte : «Je vis avec un poumon. Grâce à lui, j'ai été sauvé. C'est un homme pour qui j'ai beaucoup de respect. Les médecins comme lui sont rares.» Ameur Soltane était un homme de principes, il aimait sa ville natale, il dorait venir se ressourcer dans la maison qui l'avait vu naître et revoir ses amis d'enfance, ses camarades de classe ainsi que ceux qu'il avait connu chez les Scouts musulmans algériens, comité local ménaïli. II a choisi d'être enterré auprès de son père et son frère au cimetière de Bordj Ménaiel. De bonne heure, des voitures et des cars déverssaient dans la ville des centaines de personnes : amis, collègues, médecins, cadres de l'Etat, anonymes, malades, hommes politiques venus rendre hommage à ce médecin âgé de soixante quatre ans très estimé des Algériens. Les rues menant au cimetière étaient embouteillées. Il y avait foule qu'on ne pourrait évaluer qui s'est empressée d'accompagner la dépouille mortelle vers sa dernière demeure. Des scènes déchirantes se sont déroulées : tous les visages étaient en pleurs et tristes, des délégations médicales, des associations, les autorités locales, wilayales et des cadres de la nation sont venus de tous les coins du pays. Ameur Soltane éminent chirurgien en oncologie thoracique a su s'attirer par sa gentillesse et sa compétence toute l'estime de la population de Bordj Ménaiel en particulier et l'amour et le respect de tous ceux qui l'ont approché en général, qui restera à tout jamais gravé dans les mémoires. Très jeune, sa carrière était prometteuse, son avenir était tout tracé. La santé vient de perdre en sa personne un chirurgien de valeur. Le défunt ambitionnait de rouvrir le cabinet médical de son père une fois retraité. Quelque chose qui lui tenait à cœur. Aussi, les autorités médicales, la Wilaya de Boumerdès, les autorités locales doivent songer à baptiser l'hôpital (EPH) de Bordj Ménaiel de son nom. Il le mérite bien car il a été l'un des piliers de la médecine. Il a fait son devoir envers son pays, envers les malades sans jamais rien attendre en retour. C'était un grand homme qui demeurera inoubliable et un pionnier de l'oncologie thoracique.