La maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, en collaboration avec le Théâtre régional Kateb-Yacine, organise depuis le 27 octobre dernier des journées culturelles du théâtre de jeunesse placées sous le thème «Kateb Yacine et la terre des ancêtres», pour commémorer le 24e anniversaire de la disparition du grand dramaturge et romancier, fondateur de la littérature maghrébine moderne de langue française. Après le coup d'envoi de cet événement, donné dimanche dernier au niveau du Théâtre régional, qui abrite également des stages de formation sur la mise en scène, l'expression corporelle, la machinerie et l'agencement de la scène au profit de pas moins de 32 stagiaires, pour la plupart des jeunes comédiens, une exposition autour de la vie et l'œuvre de l'écrivain suivie de la projection d'un film documentaire intitulé «Kateb Yacine, des idées, des hommes, des œuvres», a été inaugurée par le directeur de la culture, El Hadi Ould Ali, à la maison de la Culture, en présence de la sœur de l'auteur de Nedjma, Fadhila Kateb, ainsi que Mme Djazouli F., amie de Kateb Yacine. Dans sa prise de parole, le directeur de la culture a rappelé la dimension de l'œuvre de Kateb Yacine, romancier et dramaturge visionnaire, considéré à juste titre comme «l'un des piliers de la littérature algérienne moderne». Kateb Yacine, instruit dans la langue du colonisateur, considérait la langue française comme le «butin de guerre» des Algériens. «L'usage de la langue française ne signifie pas qu'on soit l'agent d'une puissance étrangère, et j'écris en français pour dire aux Français que je ne suis pas français», déclarait-il en 1966. Kateb Yacine, militant anticolonialiste, a également écrit en arabe et en berbère. Il a voulu traduire, dans son œuvre, l'identité et les aspirations profondes de son peuple. Fadhila Kateb, qui s'est dite contente de fouler le sol de «ma Kabylie, ma petite patrie de cœur», a, pour sa part, rappelé que son frère, Yacine, était un homme de culture, un nationaliste qui, durant toute sa vie, s'est engagé dans le combat pour la culture, la langue et l'identité. «Il a décidé de s'exprimer par le théâtre», a-t-elle dit, car, a-t-elle poursuivi, il considérait que le message était mieux transmis par la parole et le geste que par d'autres moyens. Lui succédant, Mme Djazouli, évoquant Jacqueline Arnaud qui a consacré une thèse de son doctorat, en France, à l'œuvre de Kateb Yacine, a rapporté des passages consignés dans cette thèse. «Ce jeune poète surgi de l'Algérie profonde était à l'avant-scène planétaire qui a bouleversé toute la génération de l'après-Seconde Guerre mondiale», et le travail de Jacqueline Arnaud a, a-t-elle estimé, «complété l'œuvre de Kateb Yacine». Durant la même journée, un colloque sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine a été également programmé à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri avec deux conférences sous le thème «la traduction du poème soliloque du français au tamazight» avec Hacene Halouane de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, «Nedjma, île ou étoi-le : place du mythe dans la cosmogonie katebienne» avec Aït Challal également de l'UMM TO ainsi que que des témoignages du journaliste Sadek Aït Hamouda, compganon de Kateb et un des animateurs de la troupe de théâtre Debza. Deux Tunisiennes, Nourehene Bouziane et Houda Jmel, et un Algérien, Habib Abdelkrim, encadrent ce stage de formation lancé en présence du chargé de la programmation au niveau du Théâtre national algérien (TNA), Aïssa Moulfaraa, qui a, lors de sa prise de parole au Théâtre régional Kateb-Yacine, mis en avant l'importance de la formation dans le quatrième art. «Le don ne suffit pas à lui seul dans la pratique théâtrale», a-t-il estimé, d'où l'intérêt d'accompagner ce don par la formation et le savoir pour une meilleure maîtrise, notamment le déplacement ou le mouvement sur scène, la machinerie, la mise en scène et l'expression corporelle, afin de créer l'illusion». Enfin, le Théâtre régional Kateb- Yacine de Tizi-Ouzou accueillera trois troupes théâtrales de Guinée, d'Egypte et d'Allemagne, qui prennent part à la 5e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa, alors que la clôture sera marquée par la présentation, au niveau de cette même structure, d'un spectacle des participants aux trois stages de formation organisés dans le cadre de ces journées.