Aissa Molfera, cadre au Théâtre national algérien (TNA), a insisté, dimanche, à Tizi-Ouzou, sur la nécessité de développer la formation académique dans la pratique de l'activité théâtrale. «Le théâtre a besoin de formation pour être assimilé dans sa globalité. Tout est lié», a-t-il dit. Il s'exprimait en marge de la cérémonie de clôture des Journées culturelles de théâtre de jeunesse organisées à Tizi Ouzou, en hommage à Kateb Yacine. Le metteur en scène ne peut aboutir à cette symbiose, tant recherchée et attendue, chez le comédien sur scène, sans l'aspect intellectuel qui constitue la base de compréhension du texte, donc le dialogue, a-t-il fait observer. M. Molfera a également insisté sur l'aspect technique qu'il faut développer. «Le comédien doit maîtriser cette technique pour véhiculer, au mieux, le personnage qu'il représente sur scène, dans toute sa composante, ou ses aspects psychologiques, physique et corporels, notamment», a-t-il indiqué. Et de rappeler que le don dans la pratique de l'activité théâtrale a des limites, et qu'à un moment, il faut l'accompagner (don, ndlr) avec le savoir qui constitue un élément important, sinon le socle ; la pièce théâtrale étant à la fois, une représentation et une re-création. Le texte théâtral, a encore estimé M. Molfera, est au théâtre ce qu'est la partition musicale à la musique. «Ce texte, si élaboré, si chargé de sens, soit-il, du point de vue littéraire, ne suffit pas à lui-même, ne fixant que des données langagières, syntaxiques et stylistiques», a-t-il indiqué, s'agissant de la mise en scène d'un «texte qui développe une action exclusive d'une structure dialoguée découpée en actes, scènes ou tableaux». Pour ce cadre du TNA, le texte des dialogues imprimés n'est donc que la partition visible du théâtre. Il y manque, fait-il observer encore, tout ce dont l'écrit ne peut absolument pas rendre compte et qui est, pourtant, essentiel, au théâtre : la vie. D'où la nécessité, a-t-il poursuivi, d'aller chercher à reconstituer tout ce qui échappe à l'écrit à partir des données qu'il fournit à ses interprètes, les comédiens. Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il va falloir opérer le passage de l'écrit à la parole chargée de sens et de sentiments, le passage de l'écrit à la voix qui porte cette parole. S'exprimant sur le travail de mise en scène d'un texte théâtral, ce cadre du TNA, qui a encadré un stage de formation organisé au Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou, au profit d'une trentaine de jeunes comédiens, en marge de ces journées culturelles de théâtre de jeunesse en hommage à l'auteur de «Nedjma», a indiqué que celui-ci (travail, ndlr) comprend deux partie : l'une théorique, l'autre pratique. L'aspect théorique, a-t-il dit, repose sur l'analyse littéraire qui consiste à déterminer la thématique, la problématique et le dessein ou la conception de l'auteur, l'analyse théâtrale à travers laquelle le metteur en scène doit définir clairement et précisément le conflit et l'idée de la pièce dramatique, puis écrire un langage théâtral avec des signes, la voix, les gestes, les costumes et les décors à choisir. S'agissant de la phase pratique, le travail du metteur en scène avec les comédiens reste essentiel, a encore dit M. Molfera. «Le comédien ou l'acteur donnera vie au jeu et procédera toujours d'un langage visuel et sonore moins apparent, voire invisible, imperceptible». Auparavant, El Hadi Ould-Ali, le premier responsable du secteur de la culture à Tizi-Ouzou, a annoncé l'organisation, l'année prochaine, d'un colloque international, sur la l'œuvre et la vie de Kateb Yacine, à Tizi-Ouzou. Un colloque à la hauteur de ce grand homme que fut Kateb Yacine dont l'oeuvre constitue un legs inestimable pour les jeunes. M. Ould-Ali a également annoncé à la clôture de ces journées culturelles, l'édition d'un manuel pratique d'initiation à la machinerie destiné aux jeunes comédiens.