A la suite de tentatives de prise de contrôle de sociétés sensibles et l'activité agressive des fonds d'investissements étrangers, la plupart des pays se sont lancés dans une démarche d'intelligence économique : le Japon dans les années 1970, les Etats-Unis à la fin des années 1980, la France au début des années 1990. L'intelligence économique peut être définie comme l'ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution de l'information utile aux acteurs économiques en vue de son exploitation. L'information utile est celle dont ont besoin les différents niveaux de décision de l'entreprise pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l'atteinte des objectifs définis par la direction dans le but d'améliorer sa position dans son environnement concurrentiel. Ce sujet est une des préoccupations majeures pour beaucoup d'Etats, et notamment de l'Algérie depuis l'ouverture de l'économie nationale aux investissements étrangers. Incluse désormais dans la stratégie nationale industrielle du pays, l'intelligence économique doit, aux yeux des autorités publiques, bénéficier d'une large diffusion au sein des entreprises publiques et privées afin de garantir «la sécurité du patrimoine technologique et industriel national». La nomination d'un délégué général, dédié notamment aux questions d'intelligence économique au sein du ministère de l'Industrie, des PME et de la Promotion de l'investissement va dans ce sens. Par ailleurs, en septembre 2010, à l'initiative de la direction générale de l'intelligence économique, des études et de la prospective du ministère de l'Industrie et des PME, un manuel algérien d'intelligence économique a été publié dans le but de sensibiliser les opérateurs économiques au concept d'intelligence économique. Il est essentiel aujourd'hui de comprendre et d'anticiper les mutations qui affectent les marchés afin d'assurer la compétitivité des entreprises, mais aussi de protéger leurs informations sensibles ainsi que leurs actifs stratégiques. Les PME algériennes et les groupes industriels nationaux doivent impérativement s'imprégner des principes de l'intelligence économique qui leur permettront de réaliser une meilleure performance et capter de nouvelles parts de marché au détriment de leurs concurrents. Malheureusement, à ce jour, très peu d'entreprises algériennes accordent à ce concept tout l'intérêt qu'il mérite, soit par ignorance, soit par absence de stratégie dans ce domaine. Mais, face à la mondialisation et la concurrence exacerbée qu'elle induit, nos entreprises sont dans l'obligation d'engager cette démarche sous peine de voir s'effriter leur compétitivité et perdre leurs parts de marché. Mettre en œuvre une démarche d'intelligence économique, c'est articuler sa stratégie autour de trois axes : la veille stratégique, l'influence au service de la compétitivité et la protection du patrimoine. La veille stratégique correspond à une mission de vigie, qui revêt une dimension prospective, par rapport à son environnement concurrentiel, économique et juridique, destinée à faciliter la prise de décision économique. L'influence au service de la compétitivité passe par des actions externes de communication. A ce titre, l'identification des réseaux utiles est incontournable. De même, le lobbying, pour sa capacité à orienter une décision pour la faire évoluer dans un sens favorable à l'entreprise, doit être envisagé. Enfin, la protection et la préservation du patrimoine immatériel sont fondamentales ; elles impliquent un examen attentif des risques et des menaces probables pesant sur l'entreprise (atteinte à l'image et à la réputation, ...). Ce chantier de l'intelligence économique peut décourager certaines entreprises vu l'importance de la tâche et le manque de compétences en interne. Mais le recours à des compétences externes, consultants ou expert-comptable, est souvent plus judicieux. L'expert-comptable, notamment par sa connaissance de l'entreprise, en fait l'interlocuteur privilégié du chef d'entreprise et ses conseils en matière de développement et de pérennité de l'entreprise prennent tous leurs sens dans la démarche d'intelligence économique. A nous, professionnels de l'expertise-comptable, de communiquer sur cette offre de conseil en matière d'intelligence économique et apporter notre compétence aux entreprises algériennes.