Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio algérienne, dont il était l'invité de la rédaction, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et protection des droits de l'homme (CNCPPDH), a salué l'institution prochaine d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant des enfants mineurs à charge. Cette mesure a été annoncée dans le message du président Bouteflika, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, dans lequel il demande au gouvernement d'engager une réflexion sur la possibilité d'instituer ce fonds. Elle vient tardivement par rapport à la Tunisie où un tel fonds existe déjà, mais, ajoute-t-il, c'est une «avancée considérable», dans la mesure où elle épargne à cette frange de la société des démarches fastidieuses pour le recouvrement de la pension alimentaire destinée à assurer l'entretien de leurs enfants. Les femmes divorcées n'auront plus à être entendues par les services de police puis aller devant les tribunaux et être obligées d'étaler leur intimité familiale, pour, finalement, voir leur affaire renvoyée à plusieurs reprises. Il fait observer qu'avec ce fonds, l'Etat se substituera au père en payant la mère et disposera d'une action récursoire contre ce père défaillant. A son tour, Me Ksentini n'a pas manqué de critiquer le récent rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'Homme en Algérie qu'il a qualifié d'excessif, affirmant que la liberté d'expression et du droit de manifester existe dans notre pays. Il en donne pour preuve la presse écrite où les gens s'expriment comme ils l'entendent et sans aucune limite ou autocensure. Pour les médias lourds, il est optimiste et évoque de nouvelles dispositions qui vont aller dans le sens de leur ouverture. Il rappelle que plusieurs chaînes de télévisions privées ont vu le jour en Algérie. En sa qualité de président d'une institution officielle qui s'occupe des droits de l'Homme en Algérie, Me Ksentini ne voit pas d'un bon œil les manifestations contre le quatrième mandat qui sont organisées dans la rue. Elles sont interdites par la loi et, laisse-t-il entendre, le non-respect de la loi, même si elle est mauvaise, n'est pas une pratique digne de démocrates. Pour lui, l'ordre public est important. Par contre, il reconnaît le droit à vouloir changer la loi, mais, corrige-t-il, par la voie du législateur, comme cela se passe dans tous les pays démocratiques, conclut-il sur ce point. A propos des critiques qui se sont élevées contre un quatrième mandat pour le président Bouteflika, Me Farouk Ksentini persiste à les trouver anti démocratiques, parce que, dit-il, la Constitution permet un nombre illimité de mandats.