Profitant de l'organisation d'un meeting organisé par quelques partis politiques de l'opposition, les militants et les cadres de l'ex-FIS dissous ont bravé l'interdiction d'exercer par une véritable démonstration de force. En effet, des cadres et des dizaines de militants de l'ex-FIS, à leur tête le lieutenant d'Abassi Madani, le sanguinaire Ali Benhadj, ont participé au meeting organisé à la salle Harcha par les partis du boycott. Pour les ex-militants et sympathisants du mouvement dissous, cette participation est un défi flagrant envers l'Etat. Les slogans scandés pendant la tenue du meeting et les banderoles brandies par les dizaines d'islamistes confirment bel et bien les dires des militants islamistes. Tout au long de la manifestation, les ex-militants du FIS ont scandé les slogans habituels de leur mouvement dont la fameuse «Ya Ali ya Abbès, al-jabha rahi labès». Plusieurs islamistes portant des longues barbes étaient vêtus de tenues afghanes, alors que d'autres portaient des vestes militaires et des kamis. L'ambiance créée par les islamistes à la salle Harcha nous rappellent l'anarchie des années 1990. Du côté des organisateurs, la présence des islamistes du FIS leur a permis de rassembler plus de personnes. Les partis qui ont appelé à ce rassemblement à savoir le RCD, le MSP, Jil Jadid, Ennahda, le FJD de Djaballah et l'ex-candidat à la présidentielle Ahmed Benbitour sont incapables de faire le plein de la salle. Ce sont les raisons qui ont poussé surtout les dirigeants de HMS et du RCD à programmer le meeting le vendredi afin de profiter de la grande Prière. «Nous sommes heureux de voir la salle pleine d'Algériens de différentes sensibilités», a déclaré Djilali Soufiane. Par cette expression, ce dernier voulait donner des leçons en démocratie aux partisans du pouvoir. Malheureusement, M. Soufiane, la démocratie ne veut en aucun cas dire «anarchie». Sinon, comment expliquer qu'un mouvement interdit d'exercer par l'Etat trouve le moyen de participer à un meeting sans que les organisateurs ne bougent le petit doigt ? Dans un autre pays, le meeting aurait été immédiatement interrompu par les CRS et les forces de police. Cet état de fait sera suivi par l'interpellation des responsables du meeting qui auront à s'expliquer devant l'administration et devant la justice. Quelques minutes seulement après la fin du meeting, les cadres et les militants du FIS dissous se sont rendus massivement à la mosquée Alwafa bi al-Ahd de Kouba. Après la prière du Maghreb, le n°2 de l'ex-FIS a donné une allocution à laquelle ont assisté des responsables du parti dissous dont Ali Djeddi et Abdelkader Meghani. Les forces de police qui ont encerclé la mosquée à titre préventif se sont retirées après que les occupants ont vidé les lieux sans incident. En somme, nul n'oublie que ce sont les mêmes anarchies qui ont engendré la tragédie des années 1990. Le peuple algérien qui a payé un lourd tribut pendant cette époque se voit malheureusement menacé par les mêmes erreurs qui pourraient à tout moment replonger le pays vers l'enfer.