Il aura fallu attendre près d'un mois, avant que la communauté internationale ne se penche sur le cas de l'enlèvement massif de lycéennes au Nigeria. Effectivement, lors de ce rapt – le 15 avril – cette même communauté avait décrié ces pratiques barbares. L'organisation Boko Haram est soupçonnée fortement d'en être l'auteur. Si, en règle générale, la lutte contre le terrorisme (et surtout lorsqu'il rime avec islamisme) donne lieu à des déploiements de force sur les différents théâtres de leurs méfaits à travers le monde, les agissements de Boko Haram ne semblaient pas émouvoir les défenseurs des droits de l'Homme. Serait-ce parce qu'ils sont assimilés à une secte ? Serait-ce différent s'ils étaient appelés par leur vrai nom: «Peuple engagé dans la propagation de l'islam et du djihad?» Toujours est-il que ce groupe terroriste n'en est pas à sa période d'essais, loin s'en faut. Boko Haram a été créé en 2002 par Mohammed Yousuf et prône un islam radical et rigoriste (proche de celui les talibans) et la stricte application de la charia sur le territoire nigérian. Cette organisation ferait passer les djihadistes du Mujao et d'Aqmi pour de simples moutons. Ils sont responsables de nombreux massacres, d'attentats et d'enlèvements. Ces rapts se font dans les lycées chrétiens et touchent principalement les jeunes filles ; jeunes filles qui, d'après leurs préceptes doivent se marier plutôt que d'étudier. En général, leurs victimes sont mariées de force à des combattants du groupe. Ce qui est révoltant, ici, c'est qu'il a fallu attendre la déclaration du chef de Boko Haram (Abubakar Shekau) : – «J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah» – pour que les dirigeants occidentaux s'émeuvent. A commencer par le chef (quasi autoproclamé) de la lutte contre le terrorisme islamiste Barack Obama. C'est évidemment une situation qui brise le cœur, une situation révoltante (...) Boko Haram est l'une des pires organisations terroristes au niveau local ou régional. Ses membres tuent sans pitié depuis des années, et nous cherchions déjà à établir une plus grande coopération avec les Nigérians» pour lutter contre le groupe. Cet enlèvement de masse «pourrait être l'événement qui aide à mobiliser la communauté internationale toute entière afin de faire enfin quelque chose contre une organisation aussi abjecte qui se lance dans des crimes affreux Du coup, Washington va envoyer des experts de la police, de l'armée et d'autres agences (sic) afin de retrouver – et dans la mesure du possible, libérer – ces jeunes filles. Il faut cependant être honnête et préciser que si le gouvernement des Etats-Unis propose son aide, c'est parce que le président nigérian le lui a demandé. Certaines mauvaises langues diront aussi que le fait que le Niger soit devenu la première puissance économique du continent africain, ne doit pas être étranger au déploiement de l'aide internationale. Car les Etats-Unis ne sont pas les seuls à intervenir. La Grande-Bretagne et (c'est étonnant) la France se mobilisent elles aussi. Le mot de la fin revient au Premier ministre chinois, M. Li Keqiang, qui a assuré l'Afrique...du soutien économique de Pékin, et ce, sans contrepartie politique.»