A l'initiative de l'Association des journalistes et correspondants de Tizi Ouzou (Ajcto) et de la Direction de la culture de la wilaya, une délégation de journalistes, des hommes de culture, mais aussi du personnel du secteur, s'est rendue au cimetière du village d'Oulkhou dans la commune d'Aït Chaffaa, à Azzefoun, au nord-est de Tizi Ouzou, pour se recueillir sur la tombe, fleurie, de Tahar Djaout, poète, écrivain et journaliste, lâchement assassiné par la horde intégriste le 26 mai 1993, devant son domicile à Alger. Deux gerbes de fleurs, une de l'Ajcto et une autre de la direction de la culture ont été déposées sur la tombe du poète, écrivain et journaliste que fut Tahar Djaout, mortellement touché de deux balles à la tête, dont le destin, une mort violente, ressemble à celui de Jean Sénac et Youcef Sebti, morts par le couteau et le fusil mitrailleur. Au cimetière d'Oulkhou, un village niché au pied du mont Tamgoud et faisant face à la Grande Bleue, une plaque en marbre déposée sur la tombe de Tahar Djaout, attire l'attention. «Ont tort ceux qui pensent que les vivants sont ceux qui restent sur terre. Les immortels sont ceux qui vivent aussi longtemps que notre mémoire collective où ils sont à jamais enterrés. Nous ne te pleurons pas. Nous te suivons, Tahar.» Dans une brève prise de parole, le président de l'Ajcto a rappelé qu'il est de notre devoir de rendre hommage à cet homme de lettre et de résistance dont l'oeuvre poétique fut, malheureusement, interrompue, à un moment où l'écrivain était promis à un brillant avenir littéraire. Lui succédant, Boukhalfa Bacha, un ancien de la Radio nationale (Chaîne II), a rappelé l'engagement, audacieux, du poète, écrivain et journaliste que fut Tahar Djaout qui, en 1978 déjà, bien avant l'ouverture démocratique, découvrant ce qu'il qualifiait de poème «souterrain», évoquait la mort dans son 2e recueil de poésie, «L'arche à vau- l'eau». «Il faudra l'avoir à tout mes fils» il est poète débauché il tire le couteau à chaque propos il prostitue la syntaxe pour en faire un vagin enfanteur de cauchemars Il insulte le verbe divin » «Tuez-le mes fils» «Il couve un verbe subversif», disait-il. Tahar Djaout est né le 11 janvier 1954 en Kabylie maritime, à Oulkhou (Azzefoun), il passa son enfance et son adolescence à la Casbah d'Alger. En 1977, il obtint une licence en mathématiques à l'Université d'Alger, puis un DEA (diplôme d'études approfondies) en sciences de l'information et de la communication, en 1985 à l'université Paris II (France). Tahar Djaout fut journaliste professionnel puis chroniqueur-éditorialiste à l'hebdomadaire Algérie-actualité, et, responsable de la rubrique culturelle en 1983/1984. En 1992, et à la faveur de l'ouverture démocratique, il fonda un hebdomadaire, Ruptures, avant d'être lâchement assassiné le 25 mai 1993 devant son domicile à Alger. Notons aussi qu'à l'initiative de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, une exposition retraçant la vie et l'oeuvre de Tahar Djaout se tient au niveau du hall de la maison de la culture Mouloud Mammeri ainsi que la projection du film documentaire d'Abderazak Larbi Cherif sur le poète, journaliste et écrivain Djaout Un poète peut-il mourir ?, ainsi que l'émission d'un écho sonore de Boukhalfa Bacha en hommage à Djaout. Il est également prévu une lecture, par les adhérents de l'atelier de poésie, des textes de cet écrivain, poète et journaliste assassiné par la horde intégriste, des témoignages de la famille et des amis ainsi que la réalisation du portrait de Djaout par un étudiant de l'école des beaux-arts d'Azzazga.