Depuis la mort, dans des conditions atroces, de Mohammad Abou Khdeir, un jeune de 16 ans, - enlevé mardi soir par des « colons israéliens fanatiques » en représailles à la mort de trois adolescents juifs dont les corps ont été retrouvés lundi en Cisjordanie, il a été brûlé vif de l'intérieur et de l'extérieur après avoir été forcé à boire du carburant-,les Palestiniens n'expriment pas leur colère dans les territoires occupés seulement. Ils le font aussi à Taybeh, Tira et Qalansawe, trois villes arabes du nord d'Israël en affrontant à coups de pierres les forces de l'ordre qui ont arrêté 25 d'entre eux, dont 12 mineurs, pour « troubles à l'ordre public » et « jets de pierres ». « Nous manifestons aussi contre cette incitation à la haine des Israéliens qui réclament la mort des Arabes sur internet », disent-ils. Pour la première fois depuis « Pilier de défense », des roquettes ont été tirées sur Beersheva et Ashkelon depuis Ghaza. Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, pique sa crise et déverse son fiel. « Ces manifestants qui bénéficient de la citoyenneté israélienne ne doivent plus appartenir à l'Etat d'Israël », martèle-t-il. « La possibilité d'une escalade de la part des colons doit être prise au sérieux », prévient Zakaria Essaada, de l'organisation des droits de l'homme Rabbis for Human Rights après les propos de Lieberman qui « attisent la haine entre les juifs et la minorité arabe qui représente 20% de la population des Arabes d'Israël et renforcent les flammes du racisme abject ». Des groupes extrémistes parmi les colons et dans l'armée œuvrent à travers les réseaux sociaux à appeler, dit-il, à tuer les Palestiniens sous le slogan de « ils doivent payer le prix ». Craignant une multiplication des actes de ce genre, les responsables palestiniens demandent aux jeunes d'être plus vigilants. Yitzhak Aharonovitch, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, rassure. Excluant une troisième Intifada, il annonce que la police qui a « exploré toute hypothèse » dans l'enquête sur le meurtre du jeune Abou Khdeir, a arrêté six suspects membres d'un groupe extrémiste. Mais, au-delà de cette envie de tuer du Palestinien sur laquelle surfent Lieberman et les faucons israéliens, il y a les dommages collatéraux de cette opération lancée en Cisjordanie par l'armée israélienne après l'enlèvement de trois jeunes Israéliens. Outre les centaines d'arrestations et le démantèlement d'infrastructures du Hamas, il y a la crédibilité de l'Autorité palestinienne apparue incapable de protéger la population. « Israël exploite cet état de fait pour la délégitimer et retourner le peuple contre elle », estime Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'Université de Bir Zeït, près de Ramallah. Des jeunes protestataires ont « caillassé » hier un poste de police à Ramallah et manifesté « contre la coopération de sécurité » avec Israël. Fidèle à son double discours, Benjamin Netanyahu appelle au calme. « L'expérience a prouvé que dans des moments comme aujourd'hui, nous devons agir de manière responsable, garder la tête froide et nous abstenir de propos durs et impétueux », dit-il aux ministres qui appellent à une opération d'envergure contre Hamas.