L'Algérie aurait refusé d'intervenir militairement en Libye, notamment à l'aéroport international de Tripoli. L'information libyenne qui a cité des sources officielles algériennes a ajouté que des hauts responsables libyens, accompagnés des membres du Parlement, ont fait le déplacement à Alger mais n'ont pas réussi à convaincre les autorités algériennes d'intervenir militairement en Libye. Selon les mêmes sources, la délégation a demandé à l'Algérie d'intervenir militairement en Libye sous un mandat de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité. Cette proposition a été acceptée par plusieurs pays dont l'Egypte et les Etats-Unis d'Amérique, selon la même source. En réponse à cet «offre», l'Algérie aurait rejeté toute intervention militaire de ses forces armées en dehors de son territoire. «Les autorités algériennes ont refusé d'intervenir en Libye même avec un mandat de la Ligue arabe ou du conseil de sécurité». Au cours de son déplacement à Washington, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a évoqué la situation en Libye, écartant toute intervention militaire et préconisant des solutions politiques. «C'est aux Libyens de trouver une solution à leurs problèmes avec l'aide des pays limitrophes», a ajouté le Premier ministre. «Il faut parvenir à créer un consensus pour mettre en place un gouvernement et des institutions capables de diriger le pays (...), mais aller avec nos forces pour rétablir la situation n'est pas une solution et ne peut constituer une solution», a affirmé M. Sellal. «De toute manière, la Constitution algérienne est claire sur ce type de situation, elle interdit à nos troupes de traverser les frontières», a ajouté Sellal à l'issue d'un entretien qu'il venait d'accorder au secrétaire américain à l'Energie, Ernest Moniz. Il a rappelé à ce propos la vision de l'Algérie sur le règlement de la crise libyenne qui doit être régional, basé sur un processus de rapprochement en Libye. «Notre vision est claire sur cette affaire, nous n'acceptons pas d'interventions étrangères à nos frontières, nous privilégions un règlement régional», a-t-il dit, tout en reconnaissant que la question libyenne reste très difficile «car le pays ne dispose ni d'une armée ni d'une police pour rétablir l'ordre». Sellal a réitéré le soutien de l'Algérie à la Libye et sa disposition à l'accompagner dans les domaines de la sécurité et de la justice, en indiquant que le Premier ministre libyen, Abdallah Al-Theni, l'avait sollicité pour une formation rapide des forces d'intervention militaires et policières de son pays. «Une intervention étrangère : on sait quand elle démarre mais on ne sait pas quand elle se termine. On ne peut pas se permettre de déstabiliser la situation. L'Algérie est devenue un pays stable et également une référence, en matière d'approches efficaces dans le règlement des conflits régionaux», a enchaîné le Premier ministre, citant le cas de la crise malienne où l'approche de l'Algérie a fini par triompher sur le reste des solutions employées ou suggérées jusqu'ici. Lors des débats consacrés à la sécurité et à la paix en Afrique, tenus à l'occasion du premier sommet afro-américain, qui s'est achevé mercredi à Washington, M. Sellal a eu à expliquer cette approche qui a été grandement appréciée par les pays africains et les Etats-Unis. «L'expérience algérienne sur le Mali a été bien appréciée (lors de ce sommet), il n'y a pas mieux que le dialogue pour régler les problèmes sécuritaires», a-t-il dit, en relevant que cette approche «a porté haut l'image de l'Algérie qui a réussi à créer un climat de négociation entre les différents protagonistes. «Nous avons porté le message que la force seule ne peut pas régler les problèmes sécuritaires. Tout le monde a compris l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste qui n'a pas réglé la question sécuritaire uniquement par l'usage de la force. C'était l'intelligence du président de la République de recourir à la politique de réconciliation», a-t-il souligné. «Au nom du président Abdelaziz Bouteflika, j'ai porté la parole de l'Afrique, j'ai insisté sur les questions de la sécurité et de la paix, notamment sur les conflits régionaux», a-t-il dit. Le Premier ministre a indiqué avoir insisté, lors de ces débats auxquels a pris part le président Barack Obama, sur la sécurité en Afrique qui doit être prise en charge par les Africains. Il a fait savoir que la partie américaine a bien compris cette revendication et a même dégagé un budget de 110 millions de dollars pour participer au financement de la création d'une force africaine d'intervention rapide. Il est tout à fait normal que les autorités algériennes n'acceptent pas de mettre le nez dans le bourbier libyen, surtout lorsqu'on sait que l'Algérie avait mis en garde avant le début dudit «Printemps arabe», en vain. Comme le dit un certain proverbe de chez nous : «Eli aagd al-khite be yadih, ihalha be sennih» (A celui qui a noué les fils avec ses mains, de les dénouer avec ses dents).