La star de la chanson algérienne d'expression kabyle, Takfarinas, a donné un concert jeudi en soirée à Alger dans une ambiance survoltée, devant un public galvanisé, venu apprécier le talent de l'artiste à la guitare aux deux tables harmonique. Dès les premières notes du récital, l'artiste, affichant un dynamisme hors pair au Théâtre El Hadi Flici, est entré dans le vif du sujet, interprétant «Azul», une pièce écrite dans un rythme incitant au déhanchement, où il a souhaité la bienvenue à son public. Sourire aux lèvres et ondulant, le chanteur est allé vers son public, déjà debout devant la scène à se délecter, savourant les premiers moments d'une soirée qui s'annonçait euphorique. «Vous faites partie de ma famille», a-il lancé à ses fans, venus, en plus de ceux d'Alger, de Tizi-Ouzou et de Béjaïa. Les pièces «Azul», «Azar», «Aârous», «Aysiyi», «Awah awah», «A Lounès», «Mazal mazal», «Aya Aâssas Nez'Zahriw», «Alwaldin»,»"Kimeth Yidhi», «Yeppa Er'Rem'Mane», «Ghezmen Ech'Choucha» et «Zaâma», ont constitué l'essentiel du répertoire exécuté durant la soirée dans un mélange de styles plaisant. Reprenant avec l'artiste et ses quatre choristes les refrains des chansons, le public s'est relâché occupant une partie de l'arène en bas de l'hémicycle, laissant leurs corps en mouvement s'exprimer dans l'allégresse et la volupté. Dans le lyrisme des textes, chantés dans des modes chaâbi et orientaux, avec des arrangements modernes aux rythmes composés, l'artiste a fait montre de beaucoup de profondeur dans ses recherches musicales et poétiques. Les sonorités des guitare, percussions (Tumba, timbales, tambourin et derbouka), basse, batterie, claviers, saxophone, flûte, trompette, ainsi que celles de la guitare aux deux tables harmoniques de l'artiste-vedette, ont donné un son lourd et percutant à l'orchestration. Les instrumentistes ont brillé par leurs envolées phrastiques aux consonances jazz, affichant une technique de haute facture et une dextérité appréciées par un public qui a eu du répondant. Par moment, l'artiste exécutait quelque pas de danse, aux côtés d'une danseuse qui illustrait le contenu de chaque chanson, par les différents accoutrements qu'elle enfilait le long de la soirée. Durant plus de deux heures, l'instrumentiste gaucher, collé à sa guitare, a chanté, dansé, exalté les passions avec ses solos endiablés, exécutés avec la seule envie de donner du plaisir à un public admiratif qui s'est totalement libéré. Témoignant d'une rigueur absolue et d'un travail de préparation soumis aux strictes normes académiques lors des répétitions, les musiciens ont été unanimes quant au plaisir qu'ils éprouvent à jouer avec Takfarinas, qui, selon eux, «déborde de bonté et génère une énergie positive et de l'entrain». Né en 1958 à Tixraïne (Alger), Takfarinas a grandi sous l'influence des airs traditionnels, la variété occidentale et la musique anglo-saxonne. Parti en France en 1994, il y découvre d'autres sonorités et couleurs qu'il adoptera dans un style authentique dans son contenu et ouvert à la modernité dans sa forme. Way telha-Arrach (1986), Irgazen-Inid ih (1989), Romane (1993), Salamet (1995), Yal Music (1999), Quartier Tixraine (2000), Honneur aux dames (2004) et Lwaldine-Inchallah(2011), figurent à l'actif de l'artiste. Takfarinas a révélé au passage, la préparation d'un nouvel opus, dont la sortie est prévue pour 2015, suivi d'une tournée qui le mènera en Angleterre et aux Etats Unis.