Que ce soit à El-Harrach ou bien à Baraki, le mouton de l'Aïd fait trembler les bourses. Encore pire, à Saoula et à Douira il est presque intouchable. Dans les quatre agglomérations, les citoyens, les moins nantis, cela s'entend, ne font que «draguer» des yeux cet ovin, devenu tellement onéreux que le sacrifier serait «sacrifié» plusieurs mois de salaire. Il faut visiter ces lieux pour constater de visu la cherté du mouton dont le prix va crescendo au fil des années. Lors d'une virée dans les marchés des différentes communes de la capitale, nous avons remarqué l'inflammation des prix de béliers par rapport à l'année dernière, où ils varient entre 40 000 et 100 000 DA, et certains ont dépassé ce prix pour atteindre les 110 000 DA. Alors que l'année passée les prix étaient entre 30 000 et 70 000 DA. Lors de notre tournée, nous avons aussi remarqué que la majorité des gens s'enfuient après avoir demandé le prix. Les citoyens ont exprimé leur colère face à l'envolée non-justification des prix du bétail, accusant dans tout ça les commerçants. Ils imputent cette hausse au manque de contrôle, à l'anarchie des marchés et, surtout, à la spéculation des intermédiaires en quête de gain rapide. «Les prix sont hors de portée, les moutons sont de plus en plus chers surtout à l'approche de l'Aïd», nous a dit, Hakima, ajoutant «faire le bonheur à nos enfants est de notre devoir, le portefeuille a connu de grandes dépenses, à savoir, les frais occasionnés par le mois sacré du Ramadhan, la rentrée scolaire et les vacances. Les familles vont de plus en plus vers l'endettement pour s'offrir le mouton». «Une petite tournée dans les marchés d'Alger, permet de faire le constat : c'est la flambée», a souligné Hakima. «A la veille de chaque Aïd El-Adha, les prix ne cessent de cracher le feu. Où va-t-on ?», s'est interrogé un père de famille qui vient acheter un mouton. De leurs côtés, les vendeurs des ovins, comme à l'accoutumée, avancent toujours leurs arguments pour faire endosser la responsabilité à d'autres intervenants dans la chaîne de commercialisation du cheptel, comme par exemple «la cherté des aliments de bétail». Le citoyen se trouve, dans ces cas, entre le marteau de la flambée des prix et l'étau de la satisfaction des enfants, et l'accomplissement du rituel de l'immolation qui est un legs des ancêtres.