Longtemps ignorée, la communication est cette fois dans les gradins et sur les terrains. Elle s'est installée, après avoir été négligée durant plusieurs décennies dans ce monde sportif. L'initiative du ministre de la Communication considérée par une grappe de personne comme un dérapage ou une atteinte au programme de l'institution concernée, vient de démontrer qu'elle est la seule à déshabiller ce phénomène, particulièrement lorsqu'elle est très bien gérée par des professionnels. Ce samedi 31 octobre, elle a réussi sa première sortie sur ce terrain jusque-là saccagé par une violence aveugle et menaçante, caractérisée par des débordements : mort de spectateurs, supporters et de joueurs, de terribles images impossibles à effacer de nos mémoires. Aujourd'hui, il faut y croire, et se mobiliser pour l'enterrer à tout jamais. 31 octobre 2014, une date qui restera une emprunte dans les annales de notre football. Et c'est le stade du 20-Août qui s'est offert cette très belle image au parfum exceptionnel, libérée par ces familles heureuses de partager pour la première fois 94 minutes de jeu avec les enfants et leurs époux, lesquels jadis venaient seuls lors des rencontres de foot. «Ce sont des supporters passionnés portant maillots et écharpes, des chants continus et des animations de grande qualité», selon un ancien entraîneur d'un grand club algérois, présent au stade, qui préfère garder l'anonymat. Cette première initiative, jamais prise, devrait donner le coup d'envoi d'une opération de marketing qui changerait l'image de nos stades et de nos gradins. Les dirigeants des clubs et des collectivités locales sont désormais mis devant le fait accompli. Réagir vite et bien pour que les gradins ne soient spoliés par la gent masculine mais aussi par les autres catégories de supporters jusque-là cachées en l'occurrence, les femmes, enfants et parents pour lesquels le stade était synonyme de risque parce que pris en otage par des groupuscules de supporters violents qui n'ont aucun statut, mais qui sont liés par des codes. D'ailleurs, selon Flaubert, dictionnaire des idées reçues : «Les comportements des supporters dans les enceintes sportives seraient en fait un résidu d'archaïsme - les groupes se donnent souvent le nom de tribus - et le stade est l'un des rares espaces où l'on tolère le débridement des émotions collectives. Dans ces conditions, des phénomènes de foule entraîneraient automatiquement des violences physiques». C'est ce phénomène qui fait fuir le parfum de la sportivité, le parfum d'un autre climat, d'une autre image tant souhaitée par des familles amoureuses de la balle ronde, mais privée par ce phénomène qui transforme nos stades en de véritables arènes. Il reste à présent aux dirigeants des clubs de sensibiliser leurs joueurs afin qu'ils ne se donnent pas en spectacle, qui risque de tout briser, et remettre sur scelle ce que la communication veut détruire à tout jamais de nos stades. Ce vendredi, lors de ce match, une étincelle a failli mettre le feu et détruire ce qui a été tout construit, donc fragile et ce par la faute, non pas des supporters mais des joueurs inconscients, voire même incorrigibles. Des joueurs censés donner l'exemple et contribuer à faire évacuer ce phénomène de leur esprit de sportif professionnel. Le sport procède de l'obligation de communiquer, d'échanger et de se mesurer loyalement sur un plan ludique, suscitant ainsi plaisir, émotion et émulation... On ne saurait nier longtemps la valeur du contrat social sur lequel se définit l'engagement sportif.