La Turquie s'impliquera-t-elle davantage dans la lutte contre l'organisation Etat islamique ? C'est en tout cas le souhait du vice-président américain, Joe Biden, qui doit en discuter samedi 22 novembre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan. M. Biden est arrivé vendredi soir à Istanbul sur fond de fortes divergences entre Washington et Ankara, tous deux membres de l'OTAN, autour de leurs priorités stratégiques en Syrie. Lors d'un dîner vendredi soir, le vice-président américain et le premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu se sont appliqués, devant la presse, à minimiser les tensions qui ont agité leurs relations ces dernières semaines. « Nous avons été confrontés à certaines questions très difficiles dans la région et dans le monde, et nous sommes toujours tombés d'accord », a assuré M. Biden. A l'issue de la rencontre, la Maison Blanche a souligné l'accord des deux pays sur « la nécessité de frapper et de défaire l'EI, de travailler à une transition en Syrie et de soutenir les forces de sécurité irakiennes et l'opposition syrienne modérée ». Mais sur le fond, les approches des deux pays restent très éloignées. Contrairement aux Etats-Unis, la Turquie refuse de fournir une quelconque aide militaire aux forces kurdes qui défendent la ville syrienne de Kobané, assiégée depuis plus de deux mois par les combattants djihadistes. Sous pression de ses alliés et des critiques, elle a toutefois autorisé le passage vers Kobané, via son territoire, de 150 combattants peshmergas venus d'Irak. Ankara considère comme largement insuffisants les raids menés par les avions de la coalition internationale emmenée par les Américains, et estime que la menace djihadiste ne sera écartée qu'avec la chute du président syrien, Bachar Al-Assad, sa bête noire.