Les syndicalistes de Annaba ont décidé de ne pas attendre la réunion jeudi prochain à Alger des syndicats qu'ils représentent pour appeler les salariés qui leur sont affiliés à débrayer aujourd'hui et demain 19 et 20 janvier. Ils justifient leur position par le mépris et le manque de respect affichés à leur égard par la direction locale de l'éducation. Du côté des parents d'élèves, la colère est difficilement contenue. «Ce sont les enseignants des 3 paliers, eux-mêmes, qui sont la principale cause de la situation aléatoire à laquelle est confronté le secteur de l'éducation nationale ces dernières années», ont argumenté plusieurs d'entre-eux. Ils ont réagi en mettant l'encadrement pédagogique au banc des accusés. Ils ont estimé que l'espace du savoir et de la culture vit de plus en plus des difficultés devant lesquelles ils ont noté l'absence d'une sérieuse réaction de l'Etat. Abdelmalek N., père de 3 enfants scolarisés, dont l'ainée est candidate au bac 2015, considère : «qu'un Etat qui se respecte ne doit pas laisser passer pareille situation sans trouver des solutions appropriées». Selon lui, beaucoup de choses restent à clarifier quant à la mission impartie aux enseignants, aux droits et devoirs vis-à-vis de leurs élèves. «C'est comme si certains enseignants obéissent à des injonctions de quelques officines extra secteur tendant à hypothéquer sérieusement l'avenir de nos enfants et du pays», lâchera-t-il très excédé tout autant que beaucoup d'autres pères et mères d'élèves. Cet arrêt de travail devrait être appuyé de sit-in de protestation devant le siège de la direction de l'éducation de la wilaya. Il est justifié par une plateforme de revendications en 7 points. Il y a celui portant sur les conséquences négatives induites par la promulgation du décret exécutif 240/12. Ce dernier complète et modifie le décret 315/08 portant sur le statut particulier des travailleurs de l'éducation dont, entre autres, la précarisation des postes de travail. Ainsi donc, sans aucun préavis, les enseignants de Annaba n'ont pas attendu la décision de leurs homologues du conseil de la coordination syndicale à Alger pour prendre, une nouvelle fois, leurs ouailles en otage. Deux jours durant, donc, les lieux du culte du savoir les écoles primaires, les collèges d'enseignement moyen et les lycées, les droits humains et les libertés académiques ne seront pas respectés par les enseignants à Annaba. Ces derniers ont oublié qu'ils sont pour beaucoup dans la clochardisation de leur profession dont la noblesse était soulignée il y a quelques temps. Sous leur emprise, tout est devenu permis dans ce type d'établissements et même le trafic de drogue et la violence. Cette situation intervient au lendemain des réunions de concertation organisées par différents syndicats et leur menace de recourir à la protestation pour mettre la pression sur les responsables du secteur afin de trouver une solution aux revendications en suspens. Elle intervient également à la suite de la décision des syndicalistes de créer un front commun en lançant une intersyndicale des travailleurs du secteur. C'est en tout cas ce qu'a indiqué le communiqué commun rendu public. Il est aussi précisé que la charte de cette intersyndicale, a été signée par sept syndicats, à savoir le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), et le Syndicat national autonome des professeurs de l'éducation primaire (Snapep). Il y a également l'Union nationale des travailleurs de l'éducation et de la formation (Unpef), le Syndicat autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE). Selon Sadek Dziri, président de l'Unpef, cette charte matérialise les résolutions approuvées lors des réunions organisées depuis la rentrée scolaire par la majorité de syndicats du secteur. «Lors de la réunion qui s'est tenue jeudi passé, les syndicats ont signé une charte d'honneur afin de promouvoir l'action syndicale», avait-t-il indiqué. Le même syndicaliste n'a pas écarté l'entame d'un mouvement de grève commun dans le cas où la tutelle ne répondrait pas favorablement aux revendications des syndicats. Ces derniers sont appelés à se revoir jeudi prochain pour étudier la proposition de lancer une action de protestation commune. Cependant, tout porte à croire que les syndicalistes seront les seuls à prendre le chemin de la contestation. C'est en tous les cas l'avis de la majorité des enseignants interrogés sur leur éventuelle participation à ces deux journées de grève de Annaba.