Le processus de professionnalisation de la presse avait fait couler beaucoup d'encre lorsque, inquiets du sort qu'allait leur faire Hamid Grine, alors nouveau ministre de la Communication, des éditeurs, par journalistes interposés, ont commencé à prophétiser le pire et à faire un procès d'intention au nouveau responsable du secteur. La démarche du ministre avait reçu la lecture la plus prévisible de la part d'une corporation, dont une bonne partie vit dans et de l'informel, et se conforte d'une relation de rapport de force fondée sur une manière singulière de concevoir la profession, qui intègre la diffamation, l'injure, l'insulte et la calomnie comme les ingrédients nécessaires à sa performance médiatique. Pourtant, dans l'argumentaire qui plaidait pour adhérer à sa démarche, M. Grine, qui plaçait le journaliste au cœur de ses préoccupations, a brossé un tableau complet des perspectives qu'il envisageait pour la profession, donnant à voir une presse complètement libérée de ses travers, plus forte de ses acquis libertaires, qui honore le journaliste professionnel et lui garantit ses droits sociaux et sa dignité, tout en accomplissant sa mission journalistique selon les fondements éthiques et déontologiques. Ce sont là les préalables à la structuration d'une presse professionnelle et éthique qui aura besoin d'être mieux distribuée pour qu'on cesse de la distinguer par le tirage, mieux soutenue pour qu'on cesse de ne parler que de publicité institutionnelle, et mieux encadrée pour qu'à la place d'opportunistes de tous bords, il y ait plus de professionnels passionnés et engagés, qui aiment autant leur pays que leur profession.