Le Conseil de sécurité de l'Onu a interdit jeudi, le commerce d'antiquités provenant de Syrie, menacé de sanctions quiconque achèterait du pétrole à l'Etat islamique ou au Front al Nosra, émanation syrienne d'Al-Qaïda, tout en priant les gouvernements de cesser de payer des rançons. Cette résolution préparée par la Russie a été adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité. Elle est contraignante et confère aux Nations unies, le droit d'infliger des sanctions économiques aux contrevenants sans toutefois autoriser le recours à la force. Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, a regretté que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu plus tôt à une telle unanimité pour tenter de mettre fin au conflit qui déchire la Syrie depuis quatre ans, responsable, selon elle de l'émergence de l'Etat Islamique. «De la même manière que nous condamnons les monstruosités commises par (l'Etat islamique), nous devons également continuer de condamner la brutalité du régime (du président syrien Bachar al Assad), qui a perdu depuis longtemps toute légitimité», a-t-elle déclaré devant le Conseil de sécurité. La résolution de jeudi interdit le commerce des antiquités syriennes et réaffirme la valeur d'une interdiction semblable appliquée aux antiquités irakiennes depuis près de dix ans. Elle fustige également le fait que l'Etat islamique et d'autres groupes «encaissent des recettes provenant du pillage et de la contrebande d'héritages culturels afin de soutenir le recrutement, d'améliorer leurs capacités opérationnelles et de mener des attaques terroristes». Le texte cherche à tarir le financement des groupes islamistes en exhortant les pays limitrophes des territoires contrôlés par l'EI ou le Front al Nosra à interdire le transit des véhicules susceptibles de participer au trafic de pétrole, de métaux, de céréales, de bétail, de matériels électroniques et de cigarettes ou de faire de la contrebande d'armes. L'Onu a estimé en novembre, les rentrées financières de l'Etat islamique entre 846 000 et 1,6 million de dollars (741 000 à 1,4 million d'euros) par jour. Selon le Pentagone, ces revenus ont sans doute diminué à la suite des bombardements aériens visant les infrastructures pétrolières de l'EI et à la chute des cours du brut en général. Dans ce rapport, l'Onu rapportait en outre que l'EI levait environ 96 000 à 123 000 dollars par jour grâce aux rançons versées en contrepartie de la libération d'otages. La résolution de jeudi appelle tous les Etats membres à «empêcher les terroristes de tirer profit directement ou indirectement du versement de rançons ou de concessions politiques».