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Qui a raison, qui a tort ?
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 02 - 2015

+Aujourd'hui, c'est la journée de l'opposition. Un jour par an, comme le 8 Mars pour les femmes. Un seul jour et pourtant cela paraît beaucoup pour le pouvoir. Alors, aujourd'hui, cela sera n'importe quelle journée pour la répression.
Travaux pratiques grandeur nature pour les forces de l'ordre. Comment être partout sur le territoire national et comment réprimer sans faire de victimes. Il ne serait pas normal que quelqu'un perde la vie juste parce qu'il veut exprimer son opinion. Alors, les autorités s'engageront peut-être dans un compromis. Interdire la marche à Alger et l'autoriser ailleurs. En accord avec le décret exécutif de l'année 2001. Le pouvoir n'a pas trouvé le bon argumentaire. Marcher et soutenir les anti-gaz de schiste dérégionnalise la question alors que ne pas soutenir ces derniers régionalise la question et pas seulement la question. C'était comme lors du printemps noir en Kabylie, où l'absence de soutien avait communautarisé la région et fait la part belle à l'idée de l'autonomie. Par ailleurs, par rapport à la situation désastreuse, instable, anarchique, de guerre civile, dans notre région, aussi bien le pouvoir que l'opposition rejettent l'un sur l'autre les conséquences de leur bras de fer. Le pouvoir accuse l'opposition d'entraîner l'Algérie dans le chaos régional tandis que l'opposition lui retourne la même accusation. Autant dire que des deux côtés, chacun sait que le chaos est possible puisque chacun en accuse l'autre. D'un côté, il y a le pouvoir. L'autoritarisme prend le pas sur tout. De l'autre, il y a deux types d'opposition, soit l'islamiste et la démocrate. Au regard des expériences arabes des «révolutions», le passage par des urnes non «contrôlées» donne nécessairement la victoire aux islamistes. Un ordre islamiste succède à l'ordre autoritariste. Faudrait-il faire le choix entre ces deux ordres et conclure que l'un est meilleur que l'autre? Y a-t-il un seul pays où l'alternance a été démocrate ? On part généralement d'un système autoritariste à un système démocrate en passant par un système islamiste. Mais en Egypte, le système islamiste n'a pas pu bénéficier de la durée au pouvoir. Le retour à l'ordre autoritariste a pratiquement été immédiat sans passer par la démocratie. Les islamistes n'ont pas eu le temps d'exploiter leur victoire pour appliquer leur méthode de travail. Cependant, en quelques mois, le président islamiste a démontré qu'il se prépare à gouverner en instaurant une dictature. Que lui avait-il fallu prendre un décret présidentiel s'arrogeant des pouvoirs que la Constitution ne lui accordait pas ? C'est lui, le président Morsi qui avait fourni à l'armée les raisons à effectuer un coup d'Etat à son encontre. Il voulait faire réintégrer à l'armée ses casernements, il avait réussi plutôt à lui donner les clés du palais présidentiel. La transition vers la démocratie a été interminable. Celle du président Sissi va reprendre le cours après avoir écourté celle de Morsi. Des phases de transition interminables engagent le processus de retour à la case départ. Des phases qui promettent d'être accompagnées par la douleur des frustrations socio-économiques et par la violence politique due au fait que les pouvoirs politiques ne reconnaissent que les élections qu'ils ont gagnées. Pourquoi chaque élection ««non encadrée» ramène-t-elle au pouvoir des islamistes ? Les «autoritaristes» ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes pour avoir géré le pays dans le sens de la neutralisation des démocrates au profit des islamistes. Leur calcul a été faussé. Ils pensaient obtenir la neutralisation mutuelle entre islamistes et démocrates, mais, finalement, ils n'ont obtenu que celle des démocrates. Dans les pays arabes, un constat est à faire. Il ne peut y avoir de changement du système sans passer par des conflits éventuellement durables car aucune partie n'est réellement prête à abandonner. Il en est autant du passage de l'autoritarisme vers l'islamisme que vers la démocratie. Un autre constat est à faire. Aucune transition n'a encore abouti. On se disait s'être engagés dans un processus de démocratisation sans jamais avoir pu faire aboutir celui-ci. Pourquoi ce ratage ? D'abord, aucun pouvoir en place n'a admis d'accepter que son tour est venu de céder la place alors qu'ils n'ont jamais arrêté de promettre la transmission du flambeau à la jeunesse. Chaque pouvoir a sa propre conception des réformes politiques dont il assure lui-même leur mise en œuvre. A la fois maître de l'ouvrage et maître de l'œuvre.

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