La capitale du Yémen et ses alentours ont connu des bombardements intensifs dans la nuit de vendredi à samedi, troisième nuit consécutive de l'opération saoudienne «Tempête décisive». Le Moyen-Orient est aujourd'hui en plein chaos. Voici qu'à la guerre contre Daech avec l'intervention terrestre de l'Iran en Irak et l'appui aérien d'une coalition internationale, s'ajoutent au Yémen, les mêmes causes produisant les mêmes effets, une nouvelle guerre civile confessionnelle, entraînant une intervention extérieure dirigée par l'Arabie Saoudite et soutenue par les Etats-Unis Le contexte Au conflit israélo-palestinien et aux affrontements géopolitiques régionaux pour la suprématie dans le Golfe Persique - qui opposent depuis longtemps l'Iran et l'Arabie Saoudite, soutenus réciproquement par la Russie et les Etats-Unis - se superposent aujourd'hui des guerres civiles confessionnelles sunnites contre shiites et, depuis juin 2014, la guerre des salafistes radicaux de Daech contre toutes les autres religions et l'Occident. En effet, une guerre civile confessionnelle déchire la Syrie depuis quatre ans avec l'appui ou la complicité de l'Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et aussi des Occidentaux dont les dirigeants ont cru naïvement qu'ils assistaient à un printemps arabe. Par ailleurs, en Irak, la rébellion latente des tribus sunnites contre le pouvoir sectaire du shiite Al Maliki (L'origine de ce chaos remonte à la guerre d'Irak et à l'occupation américaine qui a cru pouvoir remplacer le pouvoir dictatorial du leader bassiste Saddam Hussein par une démocratie parlementaire). Mais le Premier ministre shiite Al Maliki n'a pas voulu partager le pouvoir avec les minorités chiites et kurdes qui représentent chacune environ 20% des habitants. Se comportant de manière sectaire, il a suscité une rébellion latente des sunnites dans les cinq gouvernorats où ils sont majoritaires et a permis en juin 2014 aux terroristes salafistes dirigés par Abou Bakr Al Baghdadi (autoproclamé calife et imam des musulmans du monde entier) - qui avait unifié ou éliminé tous les groupes rebelles syriens - d'occuper sans réelle opposition les cinq gouvernorats sunnites d'Irak et de créer ainsi le premier Etat terroriste dans un territoire grand comme la moitié de la France. Le double jeu de la Turquie d'Erdogan, qui maintient sa frontière ouverte avec l'Etat Islamique, permet à Daech de recevoir des renforts humains et de se ravitailler en échangeant le pétrole brut issu des territoires occupés contre des armes et des munitions. Le contexte politique et militaire qui prévaut en Irak fait penser qu'en l'absence d'un réel engagement de la Turquie aux côtés de la coalition, il faudra à Baghdad plusieurs années pour chasser définitivement Daech de son sol malgré le soutien terrestre de l'Iran et les frappes aériennes conduites par les Etats-Unis. Cette révolution syrienne, que l'Arabie Saoudite a initiée et soutenue, tend à se retourner contre elle. Daech, qui contrôle le gouvernorat d'Al Anbar en Irak, dispose aujourd'hui d'une frontière commune de 400 km commune avec l'Arabie Saoudite et a fait part de sa volonté de libérer les Lieux Saints de l'Islam. Riyad perçoit désormais l'Etat islamique comme une menace, à tel point qu'elle a demandé au Pakistan et à l'Egypte de déployer au moins 30 000 hommes le long de cette frontière. Mais aujourd'hui, avec la guerre au Yémen, cet effet boomerang ne se limite pas à sa frontière nord (Israël, de son côté, espère tirer les marrons du feu : le Hezbollah engagé en Syrie et au Yémen s'affaiblit, la communauté internationale les yeux rivés sur Daech lui laisse les mains libres pour poursuivre sa colonisation rampante de la Palestine).