Dans une conférence-débat organisée lundi par le laboratoire «services publics et développement» en collaboration avec la faculté de droit et des sciences politiques de Sidi Bel- Abbès, le Pr Ahmed Mahiou, directeur de la recherche émérite au CNRS, ancien doyen de la faculté de droit d'Alger, ex- directeur de l'IREMAM, ancien président de la commission de droit international, juge ad hoc à la cour internationale, a conclu lors de son allocution sur le thème «révision de la Constitution» que l'Algérie ne fait désormais que consommer les Constitutions. Le Pr Mahiou a expliqué devant l'assistance, en présence de Mr Bouccenda, doyen de la faculté de droit et le Dr Kherraji Mostefa, président du labo, que si les lois ne sont pas appliquées, la révision ne servira à rien. Elle élargit par contre le fossé entre l'autorité et le citoyen. L'instabilité va persister et la demande de révision sera toujours d'actualité mais sans aucune efficacité. Après 50 ans, l'Algérie cherche toujours une identité, une stabilité à travers des révisions de Constitutions qui sont en fait misent par la suite en «quarantaine» au détriment de tout objectif ou prétention. La révision constitutionnelle n'est plus une nouvelle, depuis 1965 jusqu'à 2014, c'est comme une chanson imposée à l'ouïe que le public ne veut plus revivre ou entendre. Les expériences vécues en sont certainement la cause. Les Constitutions proposées à la révision, ne le sont pas pour être appliquées dans le développement de la démocratie et corrigées en faveur des motivations de la société, mais pour être soumise à une infinie révision. Ce refrain a repoussé la confiance du citoyen qui, aujourd'hui, n'en donne plus importance à cet outil indispensable à tout développement politique, social, culturel ou économique. La conférence devait de traiter séparément dans le même contexte, sur une durée de 3 jours. En effet, trois sujets différents d'une grande importance : la révision de la Constitution, un demi- siècle de droit en Algérie et l'indépendance de la justice (pour débattre l'erreur judiciaire). L'orateur explique d'un air critique avec éloquence que la démocratie ne se réalise pas seulement par le respect de la majorité mais aussi par le respect des autres (minorité et opposition), « aller vers la démocratie n'est pas arrivé à elle», explique le Pr Mahiou. «Dès lors qu'on veut arriver à une Constitution fondamentale, il faut qu'elle soit acceptée par tout le monde, qu'elle soit soumise à un référendum », a-t-il conclu.