Dans un article publié après deux semaines de la campagne militaire dirigée par l'Arabie Saoudite au Yémen, le prestigieux quotidien américain The Washington Post se demande si le Yémen ne va pas être le Vietnam de l'Arabie Saoudite en allusion à la campagne dirigée par les Etats Unis contre le Vietnam et qui donna lieu à un enlisement militaire. Devant ce conflit qui était impopulaire dans l'opinion publique américaine, les Etats- Unis durent se résoudre à des négociations qui aboutirent au retrait militaire. Depuis on désigne par «Vietnam», une guerre perdue d'avance. Ce questionnement du quotidien américain est basé sur une analyse des données qui soutendent le conflit en cours. Ainsi le quotidien par la plume de son correspondant à Beyrouth estime que «les frappes aériennes semblent avoir accéléré la fragmentation du pays en tribus belligérantes et les milices sans que cela entraîne le retour du président du Yémen qui a fui le pays pour se réfugier en Arabie Saoudite. La résistance des Houthis et les problèmes provoqués par les bombardements avec des centaines de morts et des centaines de milliers de personnes qui fuient la ville d'Aden ont créé un vide sécuritaire qui a profité beaucoup à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) selon le Washington Post. De plus, la campagne de bombardements a encore rendu difficile l'approvisionnement en eau et en produits alimentaires dans un pays déjà très pauvre. C'est cet aspect qui amène le quotidien à estimer que l'opération militaire au Yémen pourrait donner lieu à un véritable bourbier surtout que les éléments d'Al-Qaïda agissent maintenant au grand jour et se renforcent. Sur le plan militaire, la capacité des Houthis à utiliser le relief montagneux maintiendra leur résistance intacte et l'Arabie Saoudite sera obligée d'engager des troupes terrestres. Mais il n'est pas évident que les pays qui se sont engagés avec elle acceptent de participer à une intervention militaire terrestre, note le quotidien. De plus l'intervention militaire pourrait rendre plus tard le président Hadi impopulaire au Yémen. C'est l'issue incertaine sur le plan militaire qui amène le quotidien à faire le parallèle avec la guerre du Vietnam en citant un analyste yéménite. Pour l'instant les appels au cessez-le-feu lancés par le secrétaire général de l'ONU restent sans écho et la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite poursuit son opération militaire.