Le Népal est malheureusement coutumier des soubresauts destructeurs de la croûte terrestre. Alors que le pays est encore plongé dans le chaos par la violente secousse qui, samedi 25 avril au matin, a ravagé la vallée de Katmandou, il vit sous la menace d'un séisme annoncé de beaucoup plus grande ampleur encore. Cette extrême instabilité de la lithosphère a pour origine ce que les scientifiques nomment le «méga-chevauchement himalayen». Il s'agit de l'affrontement entre, au sud, la plaque tectonique indienne et, au nord, la plaque eurasienne, dont le massif himalayen constitue la bordure. Le processus a commencé voilà quelque 100 millions d'années, lorsque le sous-continent indien s'est définitivement détaché du supercontinent Gondwana (qui réunissait autrefois l'Antarctique, l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Australie et l'Inde), pour dériver vers le nord, en direction du continent asiatique. C'est la collision titanesque entre les deux blocs continentaux, voilà un peu plus de 50 millions d'années, qui a donné naissance à la chaîne de l'Himalaya. Aujourd'hui, décrit Pascal Bernard, sismologue à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP), la plaque indienne continue de s'enfoncer comme un coin, sur un plan incliné, sous la plaque eurasienne dont elle provoque l'élévation. Ce chevauchement, dont la vitesse s'est beaucoup réduite depuis le télescopage des deux masses continentales, se poursuit désormais à une vitesse de l'ordre de 2 centimètres par an.