Le MO Béjaïa est déjà, avant l'heure, au sommet de Yama Gouraya. Il est né en 1954, en pleine guerre de Libération. Il s'est tant bataillé pour s'élever à un niveau supérieur, ce n'est qu'en 2013 que sa marque commençait à rayonner à travers plusieurs régions de Kabylie avant d'atteindre le but rêvé : évoluer en Ligue 1. Une réussite qui repose sur ses supporters chauvins et fidèles, qui sont, il ne faut pas le cacher, la vraie raison de la réussite actuelle du MOB. Tous les projecteurs sont à présents allumés, et la tonalité de la victoire se fait entendre. Les dernières retouches se poursuivent sur le programme, le but est surtout de ne pas rater une seule note. Les youyous retentiront à travers les villages, les douars, les communes à la même seconde que le coup de sifflet final. Un rêve, un rêve que les Béjaouïs font vêtir déjà du plus beau burnous avec en prime une «Fouda» aux couleurs kabyles. Un rêve mais pas n'importe quel rêve que les joueurs auront à concrétiser pour faire sortir dehors toute une wilaya comme ce fut le cas en 2008 lors du sacre de la JSMB. Le trophée était déjà chez eux mardi, il a été exposé à la Maison de la culture. Mais l'entraîneur mobiste, Abdelkader Amrani, lui, était absent. Il préférait préparer son examen footballistique, qui aura lieu au stade Tchaker, ce samedi face au Read Club de l'Arbaâ. Tout le monde y croit. La Coupe d'Algérie sera aux couleurs des Béjaouïs. Des banderoles géantes se préparent activement pour être accrochées partout la veille de la rencontre, l'entrée de la ville annonce déjà la victoire, le marketing est de retour, mais juste pour cette occasion, et peut-être pour longtemps qui sait ? Les dirigeants offrent pour le millier de supporters des billets gratuits. Béjaïa est déjà aux couleurs de la fête : «J'ai 83 ans, et je n'ai pas encore eu le bonheur d'assister à une victoire de la Coupe d'Algérie». Un autre se dit convaincu que la fête sera exceptionnelle et que le trophée atterrira, ici, chez nous, nous l'avons mérité. Et d'ajouter, même si elle prendra l'autre destination, nous sommes finalistes, n'est-ce pas aussi une belle victoire ?» Une enseignante de Français tiendra un autre langage : la coupe est algérienne, elle sera récupérée par la meilleure équipe algérienne, mais bien entendu nous voulons qu'elle accepte notre invitation pour la première fois, ici à Béjaïa. La fête a déjà pris son envol vers Gouraya... Larbaâ entre dans l'histoire Ailleurs, l'autre ville, la deuxième ville après Blida est aussi dans le même climat de fête. Larbaâ entre dans l'histoire pour la première fois depuis sa naissance 1941. Pour vous dire, ce match est historique, et il le sera pour très longtemps. C'est notre premier coup de salve, notre première finale. Cette qualification vers la finale est le fruit de cette jeune équipe, qui avait dans le cœur la Coupe, et ce résultat est aussi l'excellent travail du grand gardien de buts, Fellah Ahmed, lequel a baissé le rideau aux Chelfaoua en stoppant trois penalties l'un après l'autre. A ce moment, c'est le verrou du portail de la ville qui s'est brisé pour laisser l'ambiance occuper les espaces de Larbaâ. Cortèges de véhicules, balcons des immeubles décorés aux couleurs du club, les parents dans la rue enseignaient à leurs enfants la première page de l'histoire du club de leur ville «le match sera préparé le plus normalement du monde. Nous ne mettrons pas la pression sur les joueurs, ils sont conscients de la mission, et l'ambiance du stade et avant le match est déjà suffisante pour démontrer que toute la région en en fête et qu'ils ne doivent pas décevoir». Pour le vice-président du RC Arbaâ, Mustapha Zerrouk «nous sommes à 72 heures d'un match phare. Un match qui reste la conséquence de nos efforts. Larbaâ va enfin, avec ou sans la coupe, marquer de son emprunte, les annales de notre football. A un de nos confrères, Djamel Amani, le président de cette équipe de Larbâa et ancien joueur international de la fameuse équipe détentrice de la Coupe d'Afrique 1990, avouera, «on a démontré à plus d'un que le football revient aux footballeurs et non aux bricoleurs. Nous avons su, après le départ de 18 joueurs de l'effectif de l'année passée, construire une équipe complète soudée et solidaire dans ses trois compartiments grâce à un recrutement judicieux et une politique de formation des jeunes du cru. Malgré les insultes et les entraves en début de saison de la part d'un groupe de pseudo-supporters, manipulés et induits en erreur, auxquels je pardonne d'ailleurs, voilà ce que je leur offre. On m'a fait du mal, et ils avaient même écrit sur une banderole qu'ils ont suspendue : «Président dégage, on ne veut plus de toi.» Cela marque les esprits, mais cet homme traîne encore les belles années du sport avec toutes ses valeurs sportives. C'est ce qui fait de lui, un homme heureux. Il se dégage de lui, une franche leçon de sportivité qui est celle d'admettre aussi une défaite qui si elle venait à se présenter, le football ne s'arrête pas pour lui à un match ou à une qualification mais à une mobilisation de tous ceux qui militent pour que ce sport roi garde sa couronne. C'est la leçon d'un grand sportif qui gagne aujourd'hui en hauteur. Un exemple parmi des exemples qui ne font pas souvent surface. A notre confrère de Liberté, le président de l'équipe de Larbaâ dira : «Ça sera, Inch'Allah, une grande fête entre deux équipes qui se connaissent bien, et qui ont accédé toutes les deux, la même année, en L1 Mobilis. C'est notre seconde saison en L1 Mobilis, donc ça sera une finale inédite et que le meilleur gagne». Et d'ajouter : «Moi, j'ai promis aux joueurs 40 millions de centimes pour cette qualification. S'il y a plus, je leur donnerai plus. Pour les aides de l'APC, le maire et son bureau étaient au stade, et ils ont assisté à la demi-finale, mais ils nous ont signifiés qu'ils n'ont rien à nous octroyer car ils n'ont pas d'argent. Nous, on espère une aide de la wilaya, de la DJS ou du gouvernement, car, franchement, notre équipe le mérite bien». Le plus important ce samedi est d'assister à une belle confrontation purement sportive qui fera date dans notre football national, d'autant plus qu'il s'agit de deux clubs, qui construiront leur première affiche historique.