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Quand il n'y aura plus d'argent...
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 05 - 2015

A l'examen du cas égyptien, on pourrait dire que tous les régimes arabes qui ont accédé au pouvoir suite à ce qu'ils nomment la «révolution» vont tout faire pour que n'existent plus jamais des places «Tahrir».
Cela n'empêchera pas la construction d'une «place Tahrir» dans la tête de chaque citoyen arabe. Uniquement dans la tête ? Bien avant que les urnes ne se (re?)mettent à parler, et en dehors des coups d'Etat «soft», des aspirants au pouvoir regretteront l'absence de l'équivalent de la place «Tahrir». Plus personne ne tentera cette aventure ? Il y en aura toujours ceux qui essaieront. La vie est ainsi faite qu'il y en aura toujours qui se sacrifieront comme il y en aura toujours ceux qui sauront survivre pour prendre les commandes, en Algérie comme ailleurs du moins pour le moment. Il est toujours tentant que les oppositions y voient un nouveau mécanisme de légitimation de l‘accès au pouvoir, à savoir être portées par les populations, mais il ne suffit pas de l'espérer. La rue remplacera les urnes. Ça finira bien par devenir une nouvelle forme de «délégitimation» des pouvoirs en place qui s'inscrira ainsi dans la tradition. Comme dans les pays arabes, les urnes confirment toujours les rapports de force et non les rapports d'opinion, c'est donc la rue qui prendra le dessus sur les urnes. Il y a même un danger plus grand. Quand il n'y aura plus d'argent pour acheter la paix, la crosse du fusil ne sera pas souvent au pied. La rue remplacera les urnes puis les armes remplaceront la rue. Quand bien même que le pouvoir en place y fut porté par des élections et qu'il ne pouvait nullement souffrir de la moindre des causes de son «renvoi», son mandat étant loin d'être épuisé, il suffirait que le clan opposé se paie des meneurs pour légitimer un coup d'Etat sous le prétexte de la volonté populaire. Nous n'en sommes pas encore à ce stade, mais quand on est en haut et qu'on possède des cartes de résidence de l'autre côté de la mer, les populations ne peuvent penser qu'à des scénarios catastrophes partant du bon sens paysan, à savoir que les «hauts» s'attendent eux-mêmes à un chaos anarchiste duquel ils vont se mettre à l'abri dans le pays dont ils exigeaient le repentir.

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