Depuis que la notion de redressement a identifié les stratégies de renversement des directions des partis, bien des partis sont entrés en guerre interne et sortir d'une guerre signifie la disponibilité à préparer une autre guerre. Les anciens redresseurs qui ont été redressés reprennent les habits de redresseurs avant d'être à nouveau redressés. Il n'y a pas qu'au sein du FLN qu'on pense à la guerre suivante pour «redresser» le pouvoir à la tête de ce parti. La proximité du FLN a déteint sur lui. Si ce n'est pas la même école, c'est du moins le même enseignement. Des redresseurs ont été redressés et risquent maintenant d'être eux-mêmes redressés. C'est une loi générale ? Remarquons qu'on utilise le concept de redressement mais pas celui de sursaut. Coup d'Etat et redressement sont synonymes à motivations communes, à savoir s'opposer au pouvoir personnel. Les dissensions au sein du FLN ne sont pas d'ordre idéologique. Elles ne concernent pas le programme pour le pays encore moins pour le sortir de la crise dans laquelle lui-même et pas un autre l'a mis. Que cela soit sous la forme appareil de parti ou du parti lui-même, le FLN a couvert tous les pouvoirs successifs. Quand a-t-il été au pouvoir ? Ce sont les ambitions qui s'y affrontent et celles-ci sont liées au pouvoir et ce qui pourrait y être retiré. Même les opposants à Saâdani ont promis au président de voter pour la révision de la constitution conformément à ses directives s'ils reprenaient les rênes du pouvoir au FLN. Du moment qu'ils l'ont promis, pourquoi le président les aiderait-il puisqu'il a tout avec Saâdani ? Il y a vraiment un certain malaise qui enlève tout son sens à une telle classe politique, celle qui a survécu à la guerre pour l'indépendance à sa défaite face au FIS, et qui continue à survivre grâce à la dissolution de ce dernier, au refus de la légalisation du parti Wafa et à son allégeance inconditionnelle au président quel qu'il soit. Ils sont certainement bien nombreux ceux qui sont convaincus que le FLN, surtout, ne dispose pas de l'autonomie de réflexion et de la liberté d'action du fait que depuis l'indépendance, il sert de couverture au vrai pouvoir et également du fait que ses membres fondateurs ne sont pas pour la plupart de ce monde. Des questions se posent concernant le fonctionnement de tous les partis qui n'ont pas encore implosé. Le FLN, par exemple, peut-il se fracturer sans incidence sur l'équilibre au niveau du pouvoir ? Aux clans au sein du FLN doivent correspondre des clans au sein du pouvoir ? Peut-on inverser le processus des fracturations et soutenir que c'est la fracture au sein des décideurs extérieurs qui est transférée au sommet des instances de ce parti ?