L'Algérie, qui fait face à une prolifération de produits contrefaits de toutes sortes en l'absence de laboratoires spécialisés dans le contrôle de conformité, envisage de recourir aux bureaux d'expertise internationaux pour faire face à ce phénomène qui a atteint des niveaux «dangereux», a indiqué à Alger le ministre du Commerce, Amara Benyounès. Le ministre qui reconnaît le manque de moyens, matériels et de la formation et notamment l'absence de normes algériennes et de laboratoires nationaux pour vérifier la conformité des produits importés aux normes, a souligné que les pouvoirs publics étudiaient la possibilité de recourir à des bureaux d'expertise étrangers très connus à l'échelle mondiale pour faire face à la contrefaçon. M. Benyounès s'exprimait lors d'une journée d'études sur la contrefaçon et la sécurité des produits industriels. Une instruction du Premier ministre a demandé au ministère du Commerce et ceux des Finances et de l'Industrie et des Mines d'étudier la possibilité de recourir à un certain nombre de bureaux d'expertise à l'échelle mondiale pour la vérification de la marchandise, avant qu'elle ne quitte le pays d'origine. Selon lui, même si le contrôle devrait se renforcer avec l'entrée prochaine en activité du Laboratoire national d'essai (LNE) spécialisé dans les produits industriels, l'Algérie aura besoin, pour les quelques années à venir, de l'expertise étrangère. Pour le ministre, en dépit des efforts déployés par l'Algérie, tant au plan législatif qu'institutionnel, le marché national reste caractérisé par une prolifération de produits contrefaits de toutes sortes portant atteinte à l'industrie nationale et surtout à la santé et à la sécurité du consommateur. Enumérant les différentes mesures prises par l'Algérie pour faire face au phénomène, le ministre a cité la promulgation de l'ensemble des textes relatifs aux droits d'auteur et aux droits voisins, aux marques, et aux brevets d'invention. Il a également évoqué le renforcement du dispositif de contrôle à travers la mise en place d'inspections territoriales et aux frontières, la formation de brigades spécialisées pour le contrôle des produits industriels ainsi que la spécialisation de certains laboratoires dans le contrôle des produits industriels. Il a fait référence à l'élaboration d'un projet de loi visant le renforcement du dispositif législatif pour une meilleure prise en charge de la lutte contre la contrefaçon. La majeure partie des produits contrefaits introduits sur le marché algérien, ajoute-t-il, est importée de pays connus comme étant des «bassins naturels de la contrefaçons comme la Chine, le Moyen- Orient ou la Turquie». Le ministre a toutefois appelé les cadres et les agents venant de toutes les wilayas du pays, à être plus «offensifs» et vigilants en matière de contrôle. «Vous fermez les yeux sur des produits dont la contrefaçon est évidente», a-t-il lancé à l'adresse de ces agents et cadres. A titre d'exemple, le ministre a cité l'entreprise publique «Filamp» dont la mise à niveau avait coûté des montants importants à l'Etat, mais qui souffre d'une concurrence déloyale de la part des produits importés contrefaits. «Ce sont des produits qui peuvent être arrêtés facilement», a-t-il encore dit, annonçant la tenue durant le dernier trimestre de l'année en cours d'un séminaire international sur ce phénomène. La contrefaçon cause par ailleurs, a-t-il souligné, une véritable «hémorragie» en matière de transfère illicite de devise, comme il constitue un moyen pour la surfacturation. Certains importateurs recourent, en effet, à des surfacturations pour des produits contrefaits, en réalité acquis à bas prix, ce qui représente «une saignée d'argent et une source de transfert illicite de devise», selon le ministre.