«Constantine au XIXe siècle», une exposition qui rappelle à la mémoire une partie de l'histoire de la ville des ponts suspendus et un récital de musique animé par Abdelaziz Benzina et Badji El Bahri ont marqué la soirée de mardi à Alger, dans une ambiance conviviale où la méditation du passé s'est agréablement mêlée aux sonorités du terroir. Quelle bonne idée du Centre des arts de la Culture du Palais des Raïs (Bastion 23) que de programmer un récital de musique aux couleurs et aux rythmes purement algériens, précédé d'une exposition qui a permis au public algérois de revisiter une ville à une époque donnée de son histoire. Dans une fusion prolifique, la contemplation des siècles et la méditation des faits de gloire, sont venus se mêler au divertissement incitant au déhanchement, deux émotions différentes qui ont permis à l'assistance de repartir la joie dans le cœur et la mémoire nourrie. Tout le premier étage de l'édifice historique abrite des toiles dont bon nombre d'entre elles a été réalisé au fusain montrant entre autres le portrait de Ahmed Bey, des batailles livrées par des autochtones contre les forces d'occupation coloniale ou des mises en valeur des palais, de la cavalerie, d'illustres guerriers ou encore de la beauté de la femme constantinoise, «ce sont des copies, les originaux ont été gardés au Musée», a-t-on déclaré à l'APS. Une exposition inédite organisée par le Musée public national des Beaux-Arts et qui a permis pour certains la découverte de Constantine au XIXe siècle, «nous en voulons un peu au XXe siècle qui a occulté les autres siècles durant lesquels l'Algérie avait prospéré !», a estimé un des visiteurs. Une heure de temps aura suffi aux visiteurs, des familles pour la plupart, de vivre cette belle randonnée à travers les méandres de l'histoire, pour aller rejoindre ensuite la grande terrasse où une scène a été aménagée pour accueillir d'abord Abdelaziz Benzina et sa voix puissante et travaillée qui a permis à l'assistance de se délecter dans les rythmes ternaires et les aires mélodieux des modes algériens. D'entrée de scène déjà l'artiste a donné de l'entrain, reprenant 50 mn durant, ses propres succès ainsi que d'autres du terroir, Bellah Ya Hamami, Aâchiq Mamhoun, Rani Enhabbek a Sara et Cheddou Bent'Koum sont quelques une des chansons brillamment interprétées par Abdelaziz Benzina qui par moment s'accompagnait en jouant au violon. Dans un tout autre registre, Badji El Bahri dans son accoutrement habituel (veste bleue Shanghai, tricot et casquette marins) a fait son entrée dans un mélange des genres plaisant où le Chaâbi a bien fusionné avec les rythmes Sud-américains dans des arrangements recherchés. Incitant au déhanchement, le chanteur à la voix rauque s'est surpassé, interprétant ses succès dans un élan de spontanéité qui l'a amené par moment à échanger avec le public qui s'est complètement relâché. Les pièces Oh Mamamiya, Yemma, Ya Bahr Et'Touffenûdu regretté Mohamed El Badji, Ah Ya Leyyam Dawiw Hali sur la musique de Titine d'Yves Montand, Marino-Marino, Wish Wish a Mama, Rani B'âïd Fel Ghorba et Ya Babord à Tribord, ont été interprétées par El Badji El Bahri à la mandole et qui a brillé de maîtrise et de professionnalisme. «Une soirée plaisante et onirique comme on les aime, avec ce mélange intéressant entre la visite d'un musée qui se fait dans le calme et le silence et le divertissement musical qui lui appelle le relâchement et l'envie de se laisser entraîner», ont convenu quelques spectateurs. L'activité culturelle se poursuit durant le mois de Ramadhan au Centre des arts de la Culture du Palais des Raïs (Bastion 23) avec une moyenne d'une nouvelle animation tous les trois jours.