La situation à Ghardaïa revient peu à peu à la normale grâce à l'intervention massive de tous les démembrements de l'Etat instruits par le chef de l'Etat. En chargeant le commandant de la 4e Région militaire de «superviser l'action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l'ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa», et en instruisant également le Premier ministre de «veiller, avec le ministre de la Justice, garde des Sceaux, afin que le parquet prenne en charge, avec diligence et sévérité, toutes les violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l'atteinte à la sécurité des personnes et des biens», le chef de l'Etat a mis tous les moyens pour mettre fin à l'engrenage sanglant qui a fauché la vie à 25 citoyens dans cette oasis paisible et jadis exemple de convivialité et d'hospitalité. Si l'intervention de l'armée s'avère nécessaire dans cette conjoncture, d'abord pour rétablir l'ordre et la sécurité après plusieurs mois de gestion chaotique d'une crise multidimensionnelle, que des aventuriers et des groupes armés pouvaient exploiter pour réaliser leurs noirs desseins, la solution sécuritaire doit être accompagnée d'efforts des autres segments de l'Etat et de la société. Une batterie de mesures sociales, judiciaires et politiques adaptées doivent être prises à court et à moyen termes pour apaiser les tensions qui ont été à l'origine de cette explosion de violence inédite dans l'histoire de la région. En somme, de nouvelles approches doivent être essayées, en associant les acteurs socio-politiques locaux. Il est temps aussi que les forces politiques nationales agissent sur le terrain dans le sens d'une sensibilisation et intégration politique accrue de la vallée du M'zab, où la faible représentation politique a contribué à l'aggravation de la crise et à la rupture de dialogue, qui a favorisé, ensuite, l'émergence des groupes extrémistes et salafistes dans cette région où la tolérance et la coexistence étaient autrefois les maîtres mots. Car, aujourd'hui c'est facile d'accuser le pouvoir d'avoir failli à sa mission dans la gestion de cette crise. En effet, plusieurs partis de l'opposition, du FFS, au PT, en passant le Talaie El-Hoiuriyet de Benflis, le RCD et le MSP, ont vu dans la tragédie de Ghardaïa le signe de «l'effondrement des institutions de l'Etat» et le résultat d'une «démission totale» du gouvernement depuis le début des événements. Un constat qui n'est pas faux, mais n'exonère pas la classe politique de leur part de responsabilité dans la dégradation de la situation dans cette région du pays. Sur un autre plan, l'action citoyenne peut s'avérer aussi déterminante dans cette quête de solution pour circonscrire la fitna qui couve dans la vallée du M'zab. Une campagne citoyenne est d'ailleurs enclenchée depuis deux jours pour lancer des appels à la fraternité et à la réconciliation, à travers les différents médias. Les Algériens de l'étranger sont de plus en plus inquiets des événements qui secouent la wilaya de Ghardaïa, en proie à une vague de violence sans précédent. «L'heure est grave à Ghardaïa, nos concitoyens sont en train de vivre des moments effroyables. Ghardaïa, ville historique connaît depuis plus d'un an des affrontements sanglants sous le regard spectateur du gouvernement algérien». C'est le constat fait par le collectif «Initiative» des citoyens algériens. Ces concitoyens installés en France appellent à une veillée nocturne, ce dimanche à 23 heures, à la fontaine des Innocents, à Paris, en soutien «à nos frères de la vallée du M'zab». Les initiateurs de ce sit-in appellent à «l'arrêt des attaques contre nos compatriotes» ainsi qu'à la protection des citoyens et citoyennes et de leurs biens.