Il n'y a aucun doute de l'échec de la coalition saoudienne dans ce qu'elle appelle la libération de la ville d'Aden sachant que les médias pro-saoudiens avaient annonçaient à maintes reprises qu' Abed Rabbo Mansour Hadi effectuera la prière de la fête d'al Fitr à Aden.. Or, non seulement ce dernier n'a pas pu se rendre à Aden mais en plus les autorités yéménites ont confirmé la semaine dernière, que la plupart des régions du sud de la ville sont encore sous le contrôle de l'armée et des «comités populaires», alors que les combats se poursuivent de plus belle autour de l'aéroport, divisé en deux sections entre les deux belligérants. Autrement dit, les premiers jours de l'attaque contre Aden, parrainée par les Emirats arabes-unis, ont suffi pour montrer que toutes les allégations «de la libération d' Aden» ne sont que des victoires fictives à but médiatique. Mais encore... Dans les récentes négociations qui ont eu lieu dans la capitale omanaise Mascate, les médiateurs de la coalition saoudienne ont demandé au mouvement Ansarullah d'annoncer «un retrait médiatique» de la province méridionale d'Aden juste pour sauver leur face. Une demande confirmée par des sources proches des négociations secrètes, trois mois après le début de l'agression. Certes, il ne s'agit pas de la première concession saoudienne, car Riyad est conscient du bourbier dans lequel il s'est impliqué. Ainsi, l'Arabie a considérablement réduit ses exigences ces derniers mois, à commencer par l'acceptation de la sortie de l'armée et des forces du mouvement d'Aden, plutôt que de se retirer de toutes les villes yéménites, en échange de l'arrêt de la campagne militaire. Mais, quand l'Arabie Saoudite a constaté que toutes ses demandes étaient rejetées, elle a recouru à sa machine médiatique afin de convaincre l'opinion publique arabe qu'elle a remporté des victoires sur le terrain à Aden , allant jusqu'à annoncer le retour imminent du président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi à Aden pour effectuer la prière de l'Aïd El-Fitr, mais au lieu de cela, ce sont deux ministres qui ont réussi à retourner à Aden et encore.. L'échec du plan émirati Au milieu du mois dernier, les médias de la coalition saoudienne ont annoncé la libération très proche d'Aden, faisant la publicité d'un plan de libération de la ville : une opération militaire dirigée par une unité militaire d'élite émiraties composée de 60 officiers. Cette force a fait du district d'alBariqa son QG, un district contrôlé par l'organisation «Al-Qaïda» et par les forces salafistes. De même, une unité spéciale saoudienne s'est installée tout près du siège de l'EAU, chargé de la logistique et de l'intelligence. Dans un premier temps, les forces émiraties ont opéré en coordination avec les factions armées, assurant la distribution des armes et de l'argent. Dans le même temps, un millier de combattants yéménites ont été formés en Arabie Saoudite et ont été transportées à Aden. L'attaque contre la deuxième plus importante ville yéménite aurait dû commencer il y a 20 jours sauf que l'une des unités de reconnaissance émiraties a été démasquée par l'armée yéménite à Dar Saad provoquant la mort de l'un des officiers émiratis. Les autorités émiraties ont prétendu que cet officier était tombé sur la frontière yéméno-saoudienne. Cela dit, les émiratis ont poursuivi leurs préparatifs pour exécuter leur plan d'attaque et ont fait venir plus de renforts, pour enfin déterminer la date zéro de leur opération qui a été prévu le même jour de la signature de l'accord nucléaire entre l'Iran et l'Occident. Ce jour-là, l'un des navires de guerre amarré dans le port d'alBariqa a déchargé 150 véhicules militaires, sans compter 1 000 nouveaux combattants yéménites formés en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes-unis. Les factions armées pro-coalition étaient prêtes à la bataille, attendant le signal. Et donc, quelques jours avant le début de l'attaque, les takfiristes d'Al-Qaïda ont pris d'assaut le siège du gouvernement d'Aden, et égorgé 30 soldats de l'armée yéménite, traînant leurs corps dans les rues d'Aden, puis ils ont remis l'après-midi le siège gouvernemental aux groupes armés pro-Hadi. L'attaque a commencé à l'aube mardi dernier, les groupes armés se sont rués contre les positions de l'armée yéménite, soutenus par les chasseurs saoudiens qui ont effectué plus de 200 raids sans compter les navires de guerre en mer qui ont visé les positions de l'armée et celles des «comités populaires». Au début, l'attaque a réussi à réaliser des percées à l'aéroport international d'Aden et dans la zone de Khor Maksar et Al-Arish, où les militants ont pris le contrôle de certains quartiers, sans pour autant parvenir à s'installer. L'étape des choix stratégiques du mouvement Ansarullah Le même après-midi, l'armée a réussi à absorber ce qu'on appelle dans le jargon militaire "le choc". Et donc, elle a contre-attaqué, d'abord en paralysant la progression des groupes armés au point de les forçer à se retirer de certains points stratégiques et ensuite en les empêchant d'installer des bases ou de garder les positions qu'ils ont gagnées. Le deuxième jour, l'armée et les comités populaires ont effectué diverses attaques rapides contre les lieux de regroupements des groupes armés et les ont expulsé de tous les points vitaux qu'ils avaient réussi à s'emparer via leurs percées..y compris l'aéroport. A noter, que la participation des forces émiraties dans cette attaque ne faisait plus aucun doute tout simplement parce que l'armée et les «comités populaires» ont révélé l'arrestation d'un certain nombre d'entre eux. L'agence d'information émiratie avait par ailleurs confirmé, jeudi dernier, la mort d'un soldat des EAU dans la bataille d'Aden : une reconnaissance officielle de la participation des troupes étrangères dans la guerre. Depuis le déclenchement de la bataille d'Aden, les médias saoudiens ont déclaré que Hadi et son gouvernement «vont effectuer la prière de l'Aïd à Aden». Voire, le chef du gouvernement sortant yéménite, Khaled Bahah, a affirmé , dans la journée d'avant-hier, « la libération d'Aden » alors que seulement deux ministres du gouvernement sortant se sont rendus à la ville, le ministre de l'intérieur et celui du le transport, accompagnés de responsables de la sécurité. Ils ont quitté Riyad pour l'Erythrée d'où ils se sont rendus à Aden, en empruntant la voie maritime. De leurs côtés, les médias pro- saoudiens ont prétendu qu' « Aden était sécurisée après sa libération et qu'elle entamait maintenant le processus de reconstruction », ajoutant que" les batailles de Libération se déroulaient uniquement dans les gouvernorats de Taïz, Lahij, Shabwa et d'Abyan". Parallèlement, l'agence yéménite d'informations Sabaa, a affirmé qu' hier après-midi l'armée et les « Comités populaires » ont repris le contrôle de l'aéroport international Aden et ce, après avoir vaincu les milices d'Al-Qaïda et ceux de Hadi, soulignant que ces derniers étaient encerclés dans l'une des portes d'entrée de l'aéroport ... A vrai dire, les affrontements se poursuivent à Khor Maksar et dans certains quartiers de Criter et d' El Arish, voire selon le quotidien libanais alAkhbar l'aéroport est divisé entre les deux parties qui s'affrontent, sachant que l'armée et les comités travaillent pour reprendre la partie de l'aéroport qui est sous le contrôle des terroristes. Un colonel de l'armée yéménite, sous couvert d'anonymat, a déclaré dans une interview à alAkhbar que la ville d'alTawahi est encore dans les mains de l'armée et des comités et que les forces pro-Hadi n'ont pas réussi à s' y infiltrer comme l'ont prétendu certains médias. Dans le même ordre d'idées, le responsable de la couverture médiatique de la guerre, Salah al-Izzi, a déclaré à alAkhbar que les groupes armés et les milices pro-Hadi n'ont réussi à pénétrer que dans deux zones : Raas-Omran et l'aéroport et ce, grâce au bombardement intense de la part de la coalition par air et mer.. Izzi a souligné que «la majorité des zones à Aden est soumise au contrôle de l'armée et des comités ont progressé à Mansoura et ont pu repousser les attaques contre alTawahi et Khor-Mkassar. Il a précisé qu'un certain nombre de véhicules militaires qui ont été déchargés par un navire de guerre émirati ont brulés en plus de la mort d'officiers émiratis et plus de deux cents takfiristes d' Al-Qaïda. En outre, des sources ont confirmé que l'armée et les comités contrôlent toujours le palais présidentiel et le commandement militaire de la région. Dans ce contexte, le porte-parole de Ansarullah, Mohamed Abdel Salam, a indiqué que «la récente attaque contre Aden n'était pas une surprise», ajoutant que «les comités et l'armée ont rempli leur mission de devoir légitime, moral et culturel dans leur affrontement contre les forces ennemies». Abdul Salam a déclaré dans un communiqué que «les développements à Aden ont montré que les mercenaires de la coalition et les miliciens d'Al-Qaïda ne sont pas acceptés dans la ville d'Aden ni ailleurs», soulignant que «leur attaque est limitée et vulnérable, et certes ne vaut pas tout ce qui a été dépensé et préparé et médiatisée pour lui donner de l'importance». Abdul Salam a conclu en accusant les Nations unies d'être impliquées dans l'agression notamment en entraînant le Yémen dans le piège de la trêve, alors que la bataille d'Aden «a été déclenchée au moment où la trêve humanitaire annoncée par l'ONU était toujours en vigueur».