Aujourd'hui et demain, 22 et 23 juillet, Alger abrite une Conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme et la dé-radicalisation en présence de représentants de plus d'une cinquantaine de pays et d'organisations internationales spécialisées. Huit séances de travail distinctes sont consacrées à cette problématique pour aborder ses divers aspects. Cette rencontre réunit des experts et non des politiques, c'est-à-dire des hauts fonctionnaires et des experts, notamment, dans le domaine de la justice, des finances, de la police, de l'éducation, du culte et des médias, activement engagés sur le terrain en tant que praticiens contre l'extrémisme violent Iinitiée par l'Algérie et encouragée par les Nations unies. Elle est l'occasion pour notre pays de faire bénéficier les délégations hôtes de son expérience qui est «un modèle éloquent» en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme et de présenter les principales actions qu'il mène dans ce cadre qui ne se limitent pas au front militaire et sécuritaire mais englobe d'autres dimensions qui touchent aux programmes de développement et au rôle de la mosquée. Dans sa lutte contre le terrorisme, l'Algérie a mis en œuvre une «profonde et multidimensionnelle politique de dé-radicalisation qui a sensiblement contribué à l'affaiblissement des groupes terroristes, à discréditer leurs discours et idéologies extrémistes et à leur rejet par la population et l'assèchement de leurs sources de recrutement», explique une note du ministère des Affaires étrangères. Tout le monde admet aujourd'hui que la lutte contre l'extrémisme violent est un «préalable incontournable» dans la lutte contre le terrorisme. La dé-radicalisation s'impose dans ce cadre comme une entreprise «fondamentale» qui concerne toutes les dimensions de la vie politique, économique, culturelle, cultuelle et sociale et qui interpelle tous les segments de la société, au plan interne, et toute la communauté internationale au plan externe. Or, force est de rappeler que les puissances occidentales ont mis du temps pour comprendre cet enjeu. Elles ont favorisé la montée de l'extrémisme en Afghanistan et dans les pays arabes, lui apportant même un soutien décisif en Syrie et en Libye pour des raisons de calculs géostratégiques de courte vue. Le risque terroriste est maintenant partout y compris dans ces pays développés qui se croyaient à l'abri. Depuis le sommet sur la lutte contre l'extrémisme violent, tenu à Washington, le 19 février dernier, ces pays ont compris l'importance de la prévention dans la lutte contre le phénomène de la radicalisation à travers la mobilisation des différentes franges de la société, notamment parmi les jeunes. Pour l'Algérie, dont le point de vue a été développé lors d'un point de presse lundi par Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, le terrorisme se développe dans le chaos et s'enracine en l'absence de l'Etat. L'un des fondements de la lutte contre le terrorisme ou la dé-radicalisation «consiste en la démocratisation de la société qui n'est pas une coquetterie», a-t-il ajouté. Abdelkader Messahel, a développé l'idée de l'«Etat capable» qui fait et applique des lois pour la préservation des droits de l'Homme et du citoyen et ses droits sociaux-économiques. Il a rappelé que «les évènements qui surviennent dans certains pays à l'instar de la Libye sont dus à l'absence de l'Etat». Pour lui, «l'Etat qui a les moyens de mener une politique efficace de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme n'a pas besoin d'abriter une base militaire étrangère». La rencontre d'Alger constitue la contribution qu'apporte l'Algérie à la préparation du sommet sur «l'extrémisme violent», qui se tiendra lors de la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain à New York.