Pendant que les salariés du complexe ArcelorMittal Algérie (AMA) se démènent pour sauver leur outil de travail et que l'Etat investit un milliard de dollars pour la réhabilitation des installations de production, le groupe ArcelorMittal engrange des profits grâce aux importations de produits semi- finis acquis auprès de ses propres filiales de par le monde. Ce qui irrite les mêmes salariés et les représentants syndicaux de toutes les filiales AMA qui refusent le diktat de leur employeur. Ils se sont exprimés dans la matinée de ce dernier dimanche dans le cadre d'une assemblée générale extraordinaire à laquelle s'était opposée la direction générale. C'est ainsi que l'exclusion du désormais ex-SG du conseil syndical AMA a été approuvée par la majorité des membres du même conseil. En présence de plus de 1 500 salariés qui avaient bravé l'interdiction de leur DG d'assister à l'AGE, les syndicalistes ont exprimé leur solidarité avec les syndicalistes de la filiale ArcelorMittal Pipes et Tubes Algérie (Ampta) en grève générale illimitée depuis le 29 avril 2015. Tout en appelant à la réintégration à leur poste de travail du SG du conseil syndical Lotfi Farah et du président du Comité Abdelghani Atil licencié pour avoir lancé le mot d'ordre de grève du 29 avril, les syndicalistes de AMA en conclave ont décidé de prendre en charge les revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la filiale Ampta. C'est dire que la situation s'est emballée dans le sulfureux dossier ArcelorMittal Algérie (AMA). Ce changement s'annonce déjà avec le retour de Daoud Kechichi désigné au titre de porte-parole du conseil syndical. Ce qui chamboule toute la stratégie mise en place depuis plus d'une année par la direction générale car intervenant à la veille de la mise en route du plan de réhabilitation des installations de production du complexe sidérurgique El Hadjar pour lequel l'Etat a investi 1 milliard de dollars. Changement inopportun aussi avec l'arrêt prolongé des installations pour cause de grève générale illimitée depuis le 29 avril 2015 et qui se poursuit toujours à ArcelorMittal Pipes et Tubes Algeria (Ampta). C'est une des plus importantes filiales de production AMA. Et même s'il est dit qu'il y a eu une légère amélioration de la production de l'acier, il n'en demeure pas moins qu'il y a d'autres risques. A l'exemple de celui de la résiliation par la Sonatrach et la Sonelgaz, chacun en ce qui le concerne, du contrat portant fourniture de pipes et tubes. Il y a aussi cette menace clairement exprimée par la majorité des 5 000 travailleurs de AMA et leur syndicat tout autant que par ceux de Ampta de paralyser totalement la production du complexe sidérurgique El-Hadjar. En attendant, ils affirment interpeller les pouvoirs publics à l'effet de mettre fin au pillage systématique du Trésor public algérien orchestré par le groupe ArcelorMittal à partir de son siège du Luxembourg. Les mêmes syndicalistes ont estimé qu' en cette période d'austérité, il est temps de revoir la gestion du dossier de réhabilitation des installations de production et ne plus accepter de payer avec l'argent public le chômage partiel imposé à différents niveaux des activités des filiales pour cause d'arrêt programmé ou pas du Haut Fourneau n°2 sans oublier les multiples exonérations d'impôts accordées à ArcelorMittal. Libérés de la démarche de soumission à la DG imposée par le SG exclu Noureddine Amouri, les membres du conseil syndical expriment ainsi leur volonté d'agir rapidement. Ils appréhendent l'implication de Tayeb Hmarnia et celle d'un député connu pour ses excès dans la démesure, dans une éventuelle action de récupération. C'est qu'à peine 24 heures après le vote d'exclusion de N. Amouri, plusieurs autres syndicalistes dont Daoud Kechichi feraient l'objet des pressions de fortes amplitudes. Hier lundi, ces derniers ont élaboré une feuille de route établie selon les exigences des 5 000 salariés AMA. Selon nos infos, en dépit des menaces de toutes sortes exercées sur lui, Daoud Kechichi intervenant en porte-parole, assure et rassure qu'il ne faiblira, ni faillira à sa tâche. Il compte aller jusqu'au bout.