Les soupçons d'opportunisme qui caractérisent certains élus et autres faux investisseurs se confirment à travers le comportement que ces derniers ont adopté ce dernier jeudi, lors de la cérémonie d'installation de Youcef Chorfa dans ses fonctions de wali de Annaba. Plusieurs ont clairement dévoilé leur prétention quant à s'accaparer de ce qui reste comme terrains fonciers constructibles en collant aux basques du 1er décideur pour bien se positionner. La perspective de la récupération par les services de la wilaya des 20 ha de terrains de Beni M'haffeur dans les prochains jours, a aiguisé leur appétit. Situés en zone urbaine de Annaba, ces terrains étaient occupés depuis la période coloniale par plus de 400 familles dans des habitations précaires. Celles-ci sont appelées à être rasées aussitôt leurs occupants recasés à Kalitoussa (Berrahal). C'est l'un des dossiers empoisonnés qu'hérite le nouvel homme fort de la wilaya. Ce site de Beni M'haffeur et celui de Djenane El Bey sont convoités par les principaux acteurs de la mafia du foncier. Pour ne pas l'avoir compris, le wali Zoubir Bensebanne (2004/2005) a été victime d'un accident de la route. Il en a échappé miraculeusement après plusieurs jours de coma à l'hôpital de Constantine. Une brutale décision de fin de fonctions achèvera la carrière de ce commis de l'Etat à l'intégrité morale au-dessus de tout soupçon. Il y a également l'affaire du wali Bachir Frik. Pour avoir refusé d'attribuer à l'un des mafiosos le terrain à proximité de la clinique St Thérèse (aujourd'hui clinique pour enfants cancéreux), Bachir Frik sera inscrit sur la liste des 16 walis interdits de tout emploi dans la fonction publique. Et comble de l'humiliation, il sera poursuivi en justice et condamné à 10 ans de prison ferme par le tribunal d'Oran pour abus de pouvoir, abus de biens sociaux et trafic d'influence. L'accalmie qui s'en était suivie dans la gestion de la wilaya de Annaba a permis à trois autres directeurs de l'exécutif local Brahim Milizi, Brahim Bengayou et Mohamed El Ghazi de travailler dans des conditions plus ou moins normales. Toutefois, ils n'étaient pas exempts de pressions qu'ils avaient réussi à éluder en s'appuyant sur la communication. Et c'est justement le déficit dans ce domaine qui a été fatal à Mohamed Mounib Sendid. Il avait pris ses fonctions le 24 octobre 2013. Onze mois plus tard, soumis à des pressions quotidiennes, il a été terrassé par un AVC dont il décèdera le 23 novembre 2014. Lors de sa première sortie publique synonyme d'installation dans ses fonctions en marge de la célébration de la journée du Moudjahid et du 58e anniversaire du congrès de la Soummam, le nouveau wali avait paru bien soucieux. Etaient présents à la cérémonie, outre les autorités civiles et militaires de la wilaya, les représentants de la société civile avec toutes ses composantes. Egalement présents, les chefs d'entreprises publiques et privées, les faux et vrais investisseurs ainsi que des opportunistes. Plusieurs de ces derniers ont tenté de mettre leur fer au feu avec à l'esprit l'impunité qui a ponctué la multitude d'affaires de détournement de terrains fonciers et autres passe-droits, à l'image de ceux ayant fait l'objet de dépôt de plaintes. Engagées par le wali Zoubir Bensebane, elles portaient sur le détournement avéré de 120 assiettes de terrain, la transformation en promotion immobilière au profit d'un promoteur véreux du projet des 800 logements sociaux juste après la pose de la première pierre par le président de la République. Cependant, la tentative de détournement de la totalité du portefeuille foncier de 60 ha propriété de l'EPE/URBAN et les opérations de surévaluations excessives des travaux de réalisation du pôle universitaire El Bouni, reste du domaine du mystère et ce, même si le secteur du tourisme a réussi à décrocher quelques hectares. Des années après, les promoteurs immobiliers véreux et les opportunistes multiplient les opérations de charme à destination de tout wali en poste. Leurs entrées dans divers ministères sont à l'origine de l'annulation de nombreux projets socioéconomiques, créateurs de richesses et d'emplois. Le site de Sidi Aïssa leur a servi pour sonner l'hallali contre tout wali qui s'opposerait à leur opération de main mise sur ce qui reste encore du portefeuille foncier de Annaba. Ils étaient présents jeudi lors de la cérémonie d'installation du wali. Quelques heures auparavant, le chantier portant réalisation d'une promotion immobilière, entamé par l'un d'entre eux a été à l'origine d'un glissement de terrain sur la route de Sidi Aïssa. Il s'agit du deuxième qui intervient sur ce même axe routier important pour le développement du tourisme. Il est fermé depuis plusieurs mois pour des travaux de réfection financièrement en charge du trésor public. Faute d'enquête et écrasant tout sur son passage sans avoir à rendre des comptes, ce promoteur immobilier poursuit ses œuvres de destruction.