Que de questions sur le décès le 23 décembre 2014 du précédent wali de Annaba, Mohamed Mounib Sendid, victime d'un accident vasculaire cérébral. On continue à s'en poser quelques heures avant la prise de fonction de son successeur Chorfa Youcef prévue aujourd'hui. C'est que, et c'était de notoriété, le défunt wali avait été soumis à une grande pression. Les mêmes que celles exercées sur Zoubir Bensebane occupant le même poste de wali de Annaba de 2004 à 2005. Ce dernier ne s'était pas laissé faire. Il avait engagé des poursuites judiciaires à l'encontre des auteurs pour détournement de terrains fonciers, faux et usage de faux, trafic d'influence et tentative de corruption d'un fonctionnaire pour accaparer plusieurs lots de terrain d'assiettes portant sur la réalisation de divers projets d'investissements publics et de promotions immobilières. En janvier 2005, après l'accident de la route dont il avait été victime à l'entrée d'Oum El-Bouaghi et son évacuation dans un état comateux vers Constantine, la population s'était posée des questions. Celle-là même qui se répètent à la veille de l'installation officielle du nouveau wali. C'est que Zoubir Bensebane avait fait des déclarations fracassantes lorsqu'il avait affirmé : «A Annaba, je savais que je gênais pas mal d'intérêts, notamment lorsque j'ai bloqué des décisions aberrantes, fermé des portes aux opportunistes. Je dois préciser que pas une seule fois mes prérogatives n'ont été entravées par des contre-ordres de ma tutelle ou tout autre haut responsable.» Quelques semaines plus tard, Bensebane faisait l'objet d'une tentative d'assassinat à Oum El-Bouaghi. Ce qu'il a par ailleurs confirmé dans une interview accordée à un de nos confrères : «Je ne me rappelle que de cette fraction de seconde où j'ai vu le camion foncer sur ma voiture. Je ne peux confirmer ou infirmer que l'accident avait été provoqué. Je soutiens que j'ai été victime d'une tentative d'assassinat. Mon éviction du poste de wali de Annaba est le fait de certaines personnes que j'ai dérangées dans leurs actes de détournement de différents biens du patrimoine public, notamment ceux du foncier.» Dix années après, ces déclarations sont toujours d'actualité. Ce qui explique toute la fébrilité des uns et des autres citoyens en cette veillée de nouveau changement à la tête de la direction de l'exécutif de wilaya. Il coïncide avec la célébration de la Journée du moudjahid au siège de la wilaya de Annaba. En fait, l'arrivée d'un wali était attendue depuis des mois par une population en prise à des lendemains incertains. Malgré la disponibilité des moyens financiers dégagés par l'état, de nombreux projets socioéconomiques étaient, ils le sont toujours, en souffrance. Les perspectives de développement étaient pratiquement inexistantes. Ces inquiétudes ont été matérialisées sur le terrain par la hausse du taux de chômage, le problème persistant du logement et l'éradication de l'habitat précaire, la distribution de l'eau potable et l'instabilité de l'électricité. Elles représentent, également, les moments forts des mouvements de protestation organisés presque quotidiennement devant le siège de la wilaya sans véritable décideur depuis le décès du précédent wali, Mohamed Mounib Sendid. Livrant le contenu de leur motion à des élus locaux et des deux chambres du Parlement majoritairement préoccupés par leur intérêts personnels, les citoyens de la wilaya de Annaba ont d'abord tenu à relever que «ces deux dernières années, Annaba a été le théâtre des expériences politiques et sociales de toutes natures, donnant lieu à un environnement peu favorable à son développement». Se voulant plus édifiants, d'autres citoyens de la capitale de la sidérurgie métallurgie des années 1970 à 1980 ont ajouté que «la majorité des projets lancés ou prévus pour l'être ont été mis en veilleuse». La situation économique et sociale de la wilaya a atteint le point de non-retour avec un niveau de chômage en constante hausse. Le ralentissement des activités est palpable dans tous les secteurs, Ce dont avait pris conscience le défunt wali Mohamed Mounib Sendid. Il a payé de sa vie sa volonté de relancer la machine du développement local. Durant sa présence au poste de premier magistrat de la wilaya, il a su impulser une dynamique à travers les actions réalisées ou en cours de réalisation, parmi lesquelles la construction des logements sociaux avec la nouvelle ville de Draa Erich, la nouvelle aérogare de l'aéroport Rabah Bitat, l'infrastructure routière, la réhabilitation du réseau d'assainissement, le technoparc et bien d'autres projets tous aussi importants les uns que les autres. C'est dire que les attentes de cette population sont nombreuses. C'est pourquoi les regards sont braqués sur l'installation du nouveau wali.