Les dirigeants africains et européens se succèdent à Alger, depuis quelques semaines, pour connaitre la disponibilité de notre pays à poursuivre ses efforts de médiation pour parvenir à des solutions durables dans la région du Sahel et en Libye, où les accords de paix et d'entente signés par les protagonistes se trouvent plus que jamais menacés par des aventuriers. Ainsi, après la visite d'Etat du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, suivie du chef de la diplomatie nigérien, plusieurs responsables politiques français de haut rang s'apprêtent à se rendre en Algérie pour des visites officielles. Du président du Sénat, dont c'est le premier voyage en Algérie, au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, la France exerce une véritable, pression sur l'Algérie pour l'amener à redoubler d'efforts sur les questions malienne et libyenne notamment. Même si, à vrai dire, la diplomatie algérienne n'attend pas les sollicitation de ses partenaires ou des pays du voisinage pour se mobiliser sur ces deux fronts, pour la simple raison qu'il s'agit, pour elle, de défendre d'abord les intérêts de l'Algérie. Car il en va de sa propre stabilité et de sa propre sécurité. Que peut bien faire l'Algérie, aujourd'hui, pour sortir le Mali de cette crise inextricable, après la signature des accords de paix en juin dernier à Alger ? Il est clair que la responsabilité incombe essentiellement au gouvernement de Bamako et aux organisations rebelles, d'un côté, et aux forces internationales présentes dans le nord du Mali chargée de veiller à l'application de ces accords, de l'autre. Sur le dossier plus brûlant de la Libye, les partenaires de l'Algérie attendent d'elle qu'elle se surpasse pour aider les deux camps rivaux à trouver un terrain d'entente et de former un gouvernement d'union nationale. L'Algérie a réussi à ramener les représentants des deux parties en conflits à la table de négociation. Il appartient aujourd'hui à la communauté internationale, représentée par l'ONU et son envoyé spécial en Libye pour achever le processus et concrétiser les termes de l'accord. Sur un autre registre, l'Algérie est de nouveau l'objet d'une puissante opération de charme conduite par une kyrielle de responsables politiques français, dans une conjoncture politique régionale et internationale particulière. Or, on ne peut appréhender de nouvelles perspectives des relations avec Paris, sans prendre en compte justement ce contexte régional et international, où la France continue à jouer un rôle pour le moins suspect, hier, en Libye, aujourd'hui en Syrie et au Mali. Il y a bien entendu à craindre que la France use de son influence et de sa «capacité de nuisance» pour parvenir à ses objectifs, économiques et géostratégiques, dans notre pays. Parce qu'on sait que les Français, par des méthodes sournoises, à travers des «coups d'éventail» diplomatiques ou médiatiques dont ils ont l'art, peuvent, à tout moment, retourner leurs armes contre l'Algérie. Comment alors peut-on s'épargner les pressions occidentales, et dans ce cas de figure françaises, tout en sauvegardant sa souveraineté et en faisant abstraction des convoitises insoupçonnées de nos partenaires qui nous viennent en «bons amis», soucieux d'entretenir les meilleurs relations possibles ? Tel est le pari auquel l'Algérie semble confrontée dans cette conjoncture.