Parce que les cadres dirigeants d'ArcelorMittal Algérie (AMA) de l'époque l'avait décidé, l'unité d'étamage d'une capacité de production variant entre 30 000 à 40 000 tonnes/an est à l'arrêt depuis 2009. La révélation a pour auteur le secrétaire général du conseil syndical de la société AMA aujourd'hui à 51% des actifs propriétés du groupe algérien Sider et 49% pour le groupe ArcelorMittal leader mondial de l'acier. Cette unité spécialisée dans le revêtement et parachèvement unique en Afrique produisait, selon ce même syndicaliste, un fer blanc sous forme de tôle étamée à faible épaisseur d'étain. Cette unité était génératrice de richesses et d'emplois. Cédée à l'exportation, ce type de fer blanc atteindrait les 2 000 dollars la tonne. La correspondance adressée par les syndicalistes AMA au président-directeur général du groupe Imetal, le 16 septembre écoulé, va au-delà d'une simple dénonciation. Lu autrement, elle donne à croire que cette décision de mise à l'arrêt est synonyme de sabotage. C'est en tout cas l'interprétation à accorder aux termes employés par le secrétaire général dans sa correspondance lorsqu'il souligne : «... la décision d'arrêt définitif en 2009 de la ligne étamage a été décidée par les responsables avec la complicité de certains cadres syndicaux de l'époque... ». Cet autre pavé lancé dans la mare au complexe sidérurgique El Hadjar impose l'ouverture d'une enquête. Il est inconcevable qu'au moment où le pays est confronté à une grave crise financière, une unité de production de tôle étamée, la seule en Afrique qui plus est, reste encore à l'arrêt avec pour destination finale, le dépôt de ferraille. Interrogés, de nombreux cadres et agents de cette même unité revêtement et parachèvement affirment avoir exprimé leur perplexité dès l'annonce de la décision. Ils auraient estimé que celle-ci est saugrenue car s'agissant d'une pas récente, n'est pas à rebuter. «Nous avions bel et bien réagi pour appeler à l'annulation de cette décision et ce, même si les effectifs devaient être affectés à d'autres unités, il n'en demeure pas moins que nous avons tenté de défendre notre outil de production et une source de revenu en devises. Nous avons saisi les plus hautes autorités du pays sur cette affaire. Il n'y a pas eu de réaction si ce n'est celle de nous conseiller de nous taire pour éviter des problèmes. Il nous a été révélé que ce problème dépasse tout le monde», a indiqué sous le sceau de l'anonymat un des cadres aujourd'hui à la retraite. En tout état de cause, la dénonciation de l'actuel secrétaire général du syndicat AMA a fait énormément de vagues. Cette «autre» affaire est loin d'être celle d'un conflit syndico syndical comme celui vécu récemment. D'une extrême gravité, elle requiert une réaction énergique des services compétents afin d'éclairer l'opinion publique nationale sur ce qui se passe réellement au complexe sidérurgique El-Hadjar AMA. Il s'y joue, ces derniers années, une dramatique scène à haut risque sur l'avenir professionnel et social de 5 000 salariés. Elle intervient au moment où le Haut Fourneau, la PMA et les aciéries ont été mis à l'arrêt dans le cadre du plan de réhabilitation des installations. Cela pourrait être également une réponse à l'appel du directeur général paru sur «Info Usine n°70» du 21 septembre 2015. Le premier responsable de AMA a estimé que : «... cette étape importante dans la vie de l'usine requiert une attention toute particulière de la part de chacun de nous, responsables, employés, syndicat et comité de participation. Notre engagement, individuellement et collectivement, est indispensable et décisif pour mener à bien et réussir cet important projet d'investissement qui va nous permettre d'augmenter notre capacité de production et renouer avec les bonnes performances en vue d'assurer la pérennité de l'entreprise». Il appartient aux autorités de faire toute la lumière sur cette affaire d'unité d'étamage encore productive que l'on a rebutée «avec la complicité d'ex-syndicalistes».