Le passage hier mercredi de Ahmed Benabbas, président-directeur général de Sider, actionnaire majoritaire au capital social de la société ArcelorMittal Algérie dont il est le président du Conseil d'Administration, coïncide avec la production de la première coulée de fonte. Elle a été réalisée par le Haut Fourneau n°2 dans les poches tonneaux nécessaires pour la production des gueuses. «.... Le processus de stabilisation continuera encore pendant 4 à 5 jours, jusqu'à avoir une fonte conforme qui permet d'alimenter les aciéries à oxygène...», précise le communiqué émis par la direction générale ArcelorMittal Annaba. C'était quelques heures précédant le passage de ce cadre dirigeant de Sider et ArcelorMittal Algérie sur les différents médias de la presse écrite et audio. La prestation de Ahmed Benabbas a presque fait oublier l'aigreur qui caractérise son actuel associé représentant le groupe ArcelorMittal du Luxembourg. Ses réponses faites à nos confrères ont donné à voir, en effet, un personnage fougueux et chaleureux en termes de communication. Ses déclarations faites de propos ardents apportent un éclairage intéressant à la période, la plus sombre de la sidérurgie nationale. Les grèves sauvages provoquées, les faux conflits entre syndicalistes, la paralysie des unités de production encore en fonctionnement, l'arrêt du Haut Fourneau n°2 durant des mois suivi de l'incident majeur ayant caractérisé cette installation lors de la première tentative de redémarrage, l'importation des billettes et des brames matières premières indispensables pour faire tourner les machines des lamines et des aciéries, les perturbations des activités des différentes installations de production jusqu'aux opérations de déstabilisation du complexe sidérurgique El-Hadjar, ce cadre dirigeant n'a rien laissé au hasard. Quelque peu crispé, il a parlé de perspectives prometteuses qui s'offrent à la sidérurgie algérienne. Autrement interprétés, ses propos paraissaient dire que les problèmes vécus par cette même sidérurgie venaient du divorce entre les vertus d'une sidérurgie algérienne locomotive de l'industrie nationale et la confiance en la compétence des cadres algériens. Pour sa première sortie médiatique, le président-directeur général de Sider a pesé plus lourd que prévu dans la balance des sidérurgistes. Certes, il ne donnera pas plus d'informations que celles déjà révélées par la presse sur la situation de son groupe et encore moins celle de ArcelorMittal société mixte algéro indienne où il occupe le poste de président du Conseil d'administration. Dans ses déclarations, Benabbas a, succinctement, abordé l'ensemble des aspects en étroite relation avec le complexe sidérurgique El-Hadjar concerné par le plan d'investissement qu'il affirme être respecté. Comme il s'est longuement attardé sur les aléas techniques auxquels avaient été confrontés le Haut Fourneau. Cette installation appelée à être opérationnelle à presque 100% sera de nouveau mise à l'arrêt en octobre 2015. Elle est concernée par une importante opération de rénovation conformément aux étapes prévues par le plan d'investissement qui suit son cours normal. Le résultat est là. De l'avis général tant du côté des syndicalistes que des salariés, pour peu qu'il soit mis le holà aux actes de déstabilisation des activités du complexe sidérurgique El-Hadjar, la performance des 2,2 millions de tonnes de fonte pourrait être enregistrée les prochaines années. Il faut dire qu'avec le long silence des habitués à faire «du bruit» dès que les installations de production se mettent à tourner normalement, ce résultat est possible. Et c'est justement cette option qu'a retenue Ahmed Benabbas en acceptant de répondre aux journalistes. C'est que l'on a finalement découvert le fauteur de trouble. C'est le cas de le souligner quand on sait que des sources crédibles affirment que Aïssa Menadi l'ex-secrétaire général du conseil syndical, anciennement député et actuellement secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar est contraint au silence. Il s'agit là d'une réponse à la correspondance adressée par la direction ArcelorMittal au secrétaire général de la centrale syndicale UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd. Dans cette correspondance, sans le citer nommément, la direction générale ArcelorMittal Algérie accuse un syndicaliste à la retraite d'être derrière les opérations de déstabilisation vécues par le complexe El-Hadjar. Le silence soudain et prolongé de Aïssa Menadi pourtant habitué à multiplier les déclarations en pareille circonstance, implique que c'est lui qui est ciblé. Ce faisant, la direction générale a atteint sa cible pour le grand bien de la sidérurgie nationale et de plus de 5 000 salariés qu'elle emploie.