L'alerte est sérieuse au niveau de la filiale ArcelorMittal Pipes et Tubes Algéria (Ampta). Ses responsables ont été récemment interpellés par leur client Sonatrach à l'effet de respecter leurs engagements en termes de fourniture courant septembre 2015, de 230 km de pipes. Ce qui, au regard du vide absolu qui caractérise l'unité de production AMPTA est impossible. La grève générale illimitée entamée par les 350 salariés depuis le 29 avril et qui se poursuit toujours, empêche toute production de tubes. Pour l'heure, la situation est au pourrissement. En imposant sa loi dans sa relation de travail avec son partenaire social via le SG actuel du Conseil syndical de l'entreprise, la direction générale ArcelorMittal Algérie multiplie les messages quant à la mise en route d'un plan social. Tacite, ce dernier est pour l'heure limité aux départs à la retraite des agents et cadres retraitables et aux départs volontaires. Ceux-ci se comptent par centaines. Ils ne sont pas compensés par des opérations de recrutement. Au lendemain de la signature du contrat de partenariat en 2001, le propriétaire indien des 70% de participation au capital social avait clairement laissé entendre que les effectifs de la société (actuellement à 5 000) devaient être réduits à 3 000 agents et cadres. A l'époque, ils étaient 18 000 et après l'opération des départs volontaires massifs, ce nombre baissera à 12 000. C'est ce qui est en train de se produire ces derniers mois. La cadence des départs est appelée à s'accélérer au rythme des décisions de licenciement qui viendront au fil des mouvements de protestation et des grèves. Ainsi, totalement libérée de la pression syndicale, ArcelorMittal exprime de plus en plus clairement sa volonté à mettre au pas les salariés exigeants en termes de salaires et d'indemnités. Ce qui justifie son refus de reprendre langue avec les syndicalistes de la filiale ArcelorMittal Ampta. La perte d'importants marchés, l'équivalent d'un plan de charges conséquent de plusieurs années, ne paraît pas l'inquiéter. Ce n'est pas le cas d'une trentaine de salariés suspendus de leurs fonctions. Ils risquent le licenciement pour avoir, durant deux jours, fermé les portails d'accès du complexe sidérurgique. La même mesure a été appliquée à douze de leurs camarades d'ArcelorMittal Algérie (AMA). C'est dire arrêt pour rénovation du Haut Fourneau n°2 ou pas, la situation à Ampta et à AMA n'est pas au beau fixe. L'ancien SG du syndicat Daoud Kechichi en grève de la faim depuis le 16 août dernier a du souci à se faire pour son avenir professionnel. Suspendu de ses fonctions depuis cette date, il risque le licenciement dans les prochains jours. D'où le communiqué qu'il vient d'émettre portant sur la dénonciation d'un détournement de 12 milliards de dinars. Le même risque concerne les agents qui l'ont suivi dans sa tentative de détrôner Nourredine Amouri l'actuel SG du Conseil syndical de l'entreprise. Ne posant aucun problème et respectant à la lettre les dispositions du pacte social, Amouri défie ses adversaires. Cette situation pourrait amener le groupe ArcelorMittal, leader mondial de l'exploitation sidérurgique et minière, à préparer ses filiales algériennes à d'autres activités, telles que la production de la nouvelle gamme d'aciers dite «Fortiform 1 050- Fortiform 980- Fortiform 1 180», destinée à l'industrie automobile. C'est dire que le groupe ArcelorMittal n'est nullement inquiété par la situation de ces filiales algériennes Ampta et AMA.