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Réconciliation nationale : le prix de la surenchère
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 09 - 2015

Quel bilan faire de dix ans de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ? Après un référendum qui a eu un franc succès, et avec des résultats que nul ne peut contester aujourd'hui, des carences commencent à apparaître.
Si les aspects techniques et juridiques de ce dispositif sont irréprochables, l'absence de garde-fous politiques susceptibles de parer à d'éventuels dépassements et de prévenir contre toute interprétation perverse des dispositions de cette charte apparaît comme un handicap. Il s'agit, en l'occurrence, de l'absence de clause exigeant une repentance totale des bénéficiaires de cette loi. C'est cette faille qui a été exploitée par les Madani Mezrag et consorts pour prétendre à un retour en politique. C'est ce qui a amené, au début de l'application de la Charte pour la paix, des politiciens en panne d'idées, sans doute par volonté de se distinguer ou parfois par excès de zèle, qui ont voulu au concept des définitions et des modes d'emploi qui ne correspondaient à aucune réalité, en l'occurrence, à exiger une amnistie générale, sans condition, voire aussi pour plaider une réhabilitation de la mouvance islamiste issue de l'ex-FIS, au nom de cette généreuse notion de réconciliation. Le pouvoir lui-même avait suggéré une amnistie générale en contrepartie d'une reddition massive des terroristes, alors que les contours du projet étaient pourtant bien précisés, stipulant clairement l'interdiction à tous qui étaient désignés comme responsables de la tragédie nationale toute déclaration ou action politique. Madani Mezrag ne peut être épargné, même s'il dit avoir mené des tractations secrètes avec des dirigeants de l'armée, et même si sa reddition est antérieure à l'adoption de la Charte pour la paix qui a eu lieu en 1999. Il est clair que toute surenchère sur ce thème profite directement aux porte-voix, toujours aux aguets, du parti dissous, qui ont réussi à s'y engouffrer.

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