L'appel lancé par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à une marche, avant-hier, à Tizi Ouzou, pour dénoncer «l'annulation des projets structurants, le regain de violence multiforme des corps constitués et le refus d'officialiser tamazight», n'a pas drainé la foule des grands jours. Un millier de personnes ont participé à cette action de rue que les organisateurs voulaient «plurielle». La population qui, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, affichait sa disponibilité, son adhésion et son soutien pour ce type de manifestation en y participant en masse aux actions de rue, n'a pas branché, désavouant, ainsi, les structures politiques, notamment celles ayant pignon sur rue, le RCD et le FFS. A Tizi Ouzou, wilaya longtemps considérée comme bastion des luttes démocratiques, les manifestations de rue, y compris la traditionnelle marche du Printemps berbère d'avril 80, jadis grandioses, relèvent plutôt du passé. Les partis politiques sont, pour ainsi dire, dans l'incapacité de mobiliser, ne serait-ce que leur base militante. «Ils (les politiques, ndlr) sont tous les mêmes. Au départ, ils promettent monts et merveilles, mais une fois promus à un poste de responsabilité, à quelque niveau que ce soit, ils oublient jusqu'à leurs engagements partisans», fait observer un marcheur qui dit prendre part à cette manifestation non pas par conviction mais plutôt pour passer son temps. De l'entrée principale du campus Hasnaoua I de l'université Mouloud-Mammeri, point de départ de la marche, jusqu'à l'entrée du tunnel jouxtant la placette de l'ancienne mairie au centre-ville, les marcheurs ont, sous le regard des services de sécurité, déployés en nombre, scandé les slogans habituels du parti, hostiles au pouvoir central : «Ni dialogue ni consultation, tamazight sera officialisée». Sur les banderoles brandies par les manifestants, dont les élus et les membres de la direction nationale du parti, on pouvait lire «Système dégage», «Pouvoir assassin», «Levez le blocus sur la Kabylie, 1963/1980 et 2001/2015». Dans sa brève prise de parole, le sénateur Mohand Ikharbane, s'est félicité de ce qu'il a qualifié de «forte mobilisation citoyenne», indiquant que «hormis le RCD, pas un seul parti politique ne peut mobiliser» autant de monde. «C'est une marche de l'espoir», a-t-il dit, faisant observer que «les projets structurants que les tenants du pouvoir ont décidé d'annuler, seront réalisés avec ou sans eux». Lui succédant, le président du bureau régional de Tizi Ouzou, Mohand Arezki Hemdous, a dénoncé ce qu'il a qualifié de politique de contre-développement que subit la Kabylie, saluant, à son tour, la mobilisation citoyenne.