Le président syrien Bachar al-Assad a interpellé la communauté internationale en lui signifiant que seule une victoire contre les terroristes dans son pays pourra protéger d'autres pays contre le phénomène et conduire à un règlement politique du conflit syrien. "La victoire contre le terrorisme protègera non seulement la Syrie, mais tous les autres pays", a déclaré le président syrien en recevant une délégation de parlementaires russes dimanche à Damas. Pour ce faire et résoudre définitivement la crise syrienne, le président al Assad prévoit, mais sous conditions, des élections ouvertes à toutes les forces politiques du pays. M. al Assad est "prêt à organiser des élections avec la participation de toutes les forces politiques qui veulent que la Syrie prospère", a confirmé, le député Alexandre Iouchtchenko, membre de la délégation russe qui a été reçue par le président syrien. "Ces élections ne pourront avoir lieu une fois que la Syrie aura été libérée [Ndlr: du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech)], et M. al Assad a l'intention d'y participer si le peuple n'y est pas opposé", a ajouté M. Iouchtchenko. Le chef de l'Etat syrien pense que cette solution "préservera la souveraineté de son pays, son indépendance et l'intégrité de son territoire". Le déplacement de la délégation russe à Damas intervient cinq jours à peine après la visite de M. al Assad à Moscou. Projet d'élections rejeté par l'opposition Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov avait suggéré la veille, qu'il était temps de se préparer à des élections en Syrie. Mais l'appel a été rejeté en l'état par l'"Armée syrienne libre (ASL), de l'opposition dite modérée", soutenue par l'Occident, avait rapporté l'agence de presse syrienne Sana. "Moscou tente de contourner les demandes du peuple syrien pour un départ d'al Assad", avait estimé Samir Nashar, un représentant de la coalition de l'opposition. "Les Russes ignorent la réalité du terrain, avec des millions de personnes ayant été déplacées en Syrie et ayant fui à l'étranger. Les villes sont détruites chaque jour", avait-il ajouté. "Quelles élections tenir dans de telles circonstances?", a-t-il martelé. La diplomatie en action Le ballet diplomatique russo-américain autour du conflit syrien se poursuit en faisant dire aux Russes, soutien historique de Damas, "être prêt à aider l'Armée syrienne libre (ASL)", tandis que les Etats-Unis, obtus, ont réaffirmé "la nécessité d'une transition "sans le président syrien Bachar al-Assad. Toujours sous la houlette des Russes, une réunion vendredi entre Moscou et le trio Washington-Ryadh-Ankara a permi la mise en place d'un processus à même de faire évoluer les positions des unes et des autres, selon les observateurs. Cette réunion quadripartite, une première diplomatique, pourrait être suivie d'une autre dès le 30 octobre, réunissant davantage de participants, selon le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov. Parallellement, un accord de "coopération" de la Russie avec la Jordanie, traditionnelle alliée des Etats-unis, a été annoncé par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui a de nouveau eu avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry un entretien téléphonique pendant lequel ils y évoquaient "les modalités d'organisation d'un processus politique entre le gouvernement syrien et l'opposition", selon un communiqué de la diplomatie russe. Quant au chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Joubeir, qui a insisté dimanche au Caire sur le fait que M. al Assad "n'aura pas de rôle à jouer dans l'avenir de la Syrie", a, toutefois, fait état de "progrès" et "de rapprochements entre les positions" des différents pays impliqués, qui ont désormais "besoin de davantage de consultations". Victoire diplomatique inattendue Selon les observateurs, la Russie avait, en effet, créé la surprise à Vienne en annonçant une nouvelle alliance: une "coordination" de ses opérations militaires dans le ciel syrien avec la Jordanie, membre de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech). Si les contours de cette coopération n'ont pas été précisés, un "mécanisme" permettant sa mise en oeuvre est en place à Amman, selon la Russie et la Jordanie. Amman a pour sa part précisé que "la coopération entre la Jordanie et la Russie est ancienne" et que la Jordanie "est toujours membre de la coopération internationale contre le terrorisme" menée par Washington.