Elle est omniprésente. Elle provoque et met à défi ceux qui tenteraient de lui barrer la route ou de lui fermer les portes du stade. D'une manière plus simple, elle frappe là où elle veut, quand elle veut et dans le style qu'elle veut. Ses dernières sorties du dernier week-end témoignent de sa force. Les joueurs perdent généralement le contrôle de la balle et les supporters venus pour une partie de foot sympa restent inquiets parce qu'elle peut surgir à n'importe quel moment de la partie comme elle peut frapper dans les vestiaires et bien entendu à la sortie du stade. Ce qui s'est passé ce week-end et rapporté par nos confrères ne devrait étonner personne. Ce ne sont pas des cas isolés, mais des cas qui s'accélèrent et qui visent à mettre sur scène la carte du huis clos. On retiendra cette déclaration de Mme Merad Boudia, psychologue, qui déclarait il n'y a pas longtemps sur la chaîne de la radio El Bahdja : «Ces actes sont le résultat de frustrations, de pulsions internes (système limbique), des «choses refoulées» à l'intérieur de l'esprit du jeune qui se déclenchent à chaque contradiction et dont le stade est le milieu propice pour qu'elles éclatent au milieu de groupes de personnes. La violence se déclare suite à une défaite, une mauvaise appréciation de l'arbitrage et une prestation en deçà des espérances des fans du club. Elle peut commencer à l'entrée du stade, où billet à la main, chèrement payé, le supporter est malmené et bousculé alors que d'autres privilégiés entrent sans payer.» Oui, mais comment corriger ses erreurs d'arbitrage ? Pour un sociologue, ce phénomène de violence trouve sa source à partir de l'arrêt de la scolarité, des problèmes dans le milieu familial (violence conjugale) ou professionnel. Comment éviter ce mal ? C'est l'éternelle question qui revient sur les sentiers de ceux qui sont censés déminer le champ. A chaque fois, les autorités et certains médias saisissent ces occasions pour rappeler l'urgence de réprimer et éliminer les «pseudo-supporters» qui gangrèneraient le football. Hier encore lors du match CSC-Mouloudia, des scènes que la morale condamne ont été observées. Dans la même semaine ce sont les arbitres qui ont déstabilisé les rencontres avec les erreurs d'appréciation sur le terrain. C'est aussi ces entraîneurs qui portent le sigle d'éducateur ou encore ces membres du staff d'un club qui réagissent et soulèvent cette sale poussière chez leurs fans à chaque faute non sifflée. La liste est longue. Des arbitres ne maîtrisant pas encore les règles élémentaires de ce sport sont programmés par la LN pour des rencontres chocs. La responsabilité de ces jeunes arbitres est engagée, puisque au lieu de faire sortir la violence du stade, on la retient. De pareilles situations font déménager les bons supporters vers ce qui est appelé les hooligans. Ce qui était relativement rare chez nous. Sa signification est simple «il associe sans ambiguïté le football à la violence, en fait un prétexte pour se battre contre les adversaires du jour. Le profil de l'ultra est plus complexe. Il consacre une grande partie de sa vie à son groupe et à son club. Ses principales motivations : l'ambiance en tribune, la passion pour son club, le soutien indéfectible à son équipe à domicile comme à l'extérieur et la défense d'une vision populaire du football. Le mouvement ultra intègre également une notion de territoire, un groupe ultra défendant sa ville et son stade face au groupe ultra adverse. Si la confrontation se fait généralement à travers l'ambiance en tribune, il arrive parfois qu'elle se fasse de manière violente si les deux camps se rencontrent physiquement.» Ainsi est défini le hooligan par un confrère de France Football. C'est dire que le supporter ultra a une vision ambiguë de la violence, le hooligan a une vision claire et assumée. Tout le monde n'est pas mauvais, mais il est difficile de séparer le bon du mauvais. Les «supporters historiques», quant à eux, ils sont mis à l'écart. Pour beaucoup, ce tournant marque la fin d'une vie de supporter. «Pour les plus violents, pas refroidis, c'est seulement la contrainte d'aller se battre loin du stade, dans les rues ou dans les villes des autres wilayas (ndlr). Pour certains, c'est le début d'un soutien exclusivement orienté sur la contestation : la responsabilité est partagée, la stratégie consiste à instaurer la prévention et le dialogue avec les supporters. Mais les instances du football et les pouvoirs publics ont-ils intérêt à prendre un tel virage ? «A l'heure où les clubs deviennent de véritables multinationales qui drainent des enjeux financiers et économiques colossaux, le football peut-il s'encombrer de supporters bruyants, contestataires, fédérateurs et indépendants ?» C'est la question qui est posée en toute logique. Mais, toujours est-il que malgré les tentatives répétées, le dialogue est derrière la porte, il attend à ce qu'il soit invité alors que la nécessité d'un dialogue constructif avec les supporters reste la pierre angulaire. Nous reviendrons samedi sur cette méchante question qui est celle de savoir qui a intérêt à protéger la violence ?