Ce qui en d'autres termes signifie le retour à la case départ. Il est désormais très clair qu'en dehors de quelques frappes cosmétiques à l'usage des plumitifs embedded de TF1 ou de Libé, les Etats-Unis vont continuer à instrumentaliser Daesh aussi longtemps que possible pour maintenir un certain niveau de chaos au Moyen-Orient en général, et en finir avec le pouvoir syrien en particulier. Dans ce contexte, le tir turc, pays de l'OTAN, permet d'ailleurs d'ouvrir un nouveau front qui complique encore la campagne anti-Daesh de la Russie et qui sert donc si bien les intérêts US qu'on ne serait même pas surpris d'apprendre finalement que Washington a habilement poussé Ankara à la manœuvre. A terme, l'idée est comme toujours de parachever l'éclatement de l'Irak et de la Syrie, afin de créer une sorte de Sunnistan docile et libérale. Une fois l'opération entrée en phase finale, il suffira alors aux USA de déclencher une vaste campagne d'assassinats du type opérations Condor ou Phoenix, pour nettoyer l'EI de ses cadres les plus radicaux et leur substituer des types d'Al-Qaïda qu'ils auront préalablement formatés dans les locaux de la CIA. Ensuite de quoi le FMI et la Banque Mondiale n'auront plus qu'à sortir leurs carnets de chèques pour la reconstruction, évidemment opérée par les entreprises du Bloc atlantiste, et le nouveau Sunnistan se retrouvera endetté pour mille ans, rejoignant ainsi la cohorte des obligés du Système néolibéral atlantiste sous direction étasunienne. Bon, sur le papier, c'est très joli. Mais il y a quand même un hic. A savoir la résistance de plus en plus affirmée de la Russie avec ses soutiens iraniens, du Hezbollah et chinois (en embuscade pour ce dernier). Bien sûr, les Etats-Unis ont toujours le même avantage que d'habitude: à savoir des fonds illimités en dollars produits au prix du papier, et donc la possibilité de surenchérir indéfiniment sur le tapis jusqu'à ce que l'adversaire soit contraint de déclarer forfait, faute de moyens. Il n'empêche, le hic reste. Car en quelques semaines, grâce à l'intervention russe, l'armée syrienne a reconquis de nombreux territoires et lieux stratégiques.De plus, Pékin sait parfaitement que les USA ont prévu d'acheminer au plus vite des troupes terroristes de Syrie dans le Xinjiang pour déstabiliser l'Empire du Milieu. Il n'est donc pas impossible que la Chine mette la main au porte-monnaie pour soutenir la mise russe en Syrie, et permettre à Moscou d'achever sa dératisation. Et c'est une toute nouvelle donne qui pourrait alors se mettre en place.D'ici là, le pari délirant du Bloc atlantiste va hélas permettre à Daesh de poursuivre sa campagne de terreur en Syrie, et n'en doutons pas en Europe aussi, justifiant au passage l'accélération de la mise en place de législations toujours plus liberticides au sein même d'un Système néolibéral dont le penchant totalitaire n'est plus à démontrer. Décidément, Daesh rend beaucoup trop de services à beaucoup trop de gens pour qu'on laisse la Russie mener à bien sa campagne de dératisation. (Suite et fin)