La décision portant dissolution de la Société des eaux et assainissement d'El-Tarf et Annaba (Seata) a été prise récemment par le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. C'est ce qu'indiquent des sources crédibles qui imputent cette décision aux différents et nombreux scandales ayant secoué cette société et au préjudice moral et financier qui en a découlé à partir de 2011. C'est-à-dire au lendemain de la résiliation du contrat de partenariat avec les allemands de Gelsenwasser. Dissolution de la Seata et réintégration de l'ensemble des activités distribution eau potable et assainissement, du patrimoine mobilier et immobilier ainsi que plus de 2500 salariés dans le giron de l'Algérienne des eaux (ADE) Annaba. Cette dissolution ne devrait pas se faire sans casse. Les mêmes sources ont affirmé que l'opération nécessiterait une enveloppe financière de 750 millions de DA dont 250 millions serviront à amortir la masse salariale pour un mois. Cet autre rebondissement intervient à la suite des audits interne et externe réalisés sur ordre du ministère des ressources en eaux. Perquisitions au niveau de la direction commerciale et celle de la comptabilité et des finances ainsi que les départements et services, information judiciaire et enquête sur le fonds des œuvres sociales lézardent depuis des mois le fortin qu'est la Seata. Les mises en cause répétées de plusieurs cadres dirigeants et d'exécution, largement relayées dans la presse, auraient, donc, imposé au ministère de revoir le statut de la Seata. C'est que les premiers éléments de l'enquête judiciaire ont conduit les policiers dans les locaux de la direction générale de la Seata pour des opérations de perquisition. Celles-ci seraient, murmure-t-on, «très fructueuses». Elles conduiraient à s'interroger sur les circonstances qui ont permis aux trois auteurs de l'important détournement de fonds de commettre leur méfait sans jamais être inquiété durant des années. Au point que cette question à amener le parquet de Annaba à élargir le cadre de l'information judiciaire. Il s'est avéré que sous le couvert d'une gestion souple et efficace, la direction commerciale a confié une part essentielle de ses prérogatives à la chef de département. Les enquêteurs ont relevé que cette gestion échappe aux règles de la comptabilité publique. Ils y voient un obscur tour de passe-passe d'autant plus dangereux que, pour les seules années de 2011 à 2014, le détournement a atteint 180 millions de DA sans que cela n'inquiète outre mesure la direction de la comptabilité et des finances encore moins la direction générale et le conseil d'administration. De là à déduire que cette latitude ait pu être mise à profit pour réaliser la mise à sac du patrimoine mobilier, immobilier, parc autos, fonds des œuvres sociales et réaliser des travaux que le code des marchés publics réprouve, il y a plus d'un pas à franchir. Parallèlement à l'information judiciaire du parquet de Annaba, les audits externes ordonnés par le ministère de tutelle devront permettre de situer avec exactitude les responsabilités. Il faut dire que cette dissolution arrive à point nommé. Sachant que l'état ne fera pas indéfiniment l'économie d'une mise à plat de cette énorme machine Seata quasi ingérable, Hocine Necib a décidé d'y mettre fin. Cependant, cette dissolution suivie du retour à l'ancien sigle ADE de l'employeur servira-t-elle à quelque chose ? Il faut préciser que composer majoritairement de cadres gestionnaires formés sur le tas et sans compétence réelle, il ne restait plus que la dissolution à mettre en application. Il reste néanmoins que ces trois dernières années, des cadres dirigeants ont profité de l'instabilité de la Seata pour promouvoir à des postes de responsabilité des membres de leur famille ou proches ne remplissant pas les critères ou pour favoriser leur recrutement. Ce qui n'est pas fait pour maintenir la paix sociale. Celle-là même que les travailleurs du centre d'El-Hadjar ont interrompu en décidant, sans préavis, de débrayer depuis ce dernier mardi. Ils avaient préalablement interdit l'accès au premier responsable de leur unité. C'est cette même démarche que leurs collègues du centre d'El-Bouni envisagent appliquer. Ils l'ont annoncé par une grève perlée. Celle-ci dure depuis plusieurs jours alors que toute la commune d'El-Bouni est confrontée à des centaines de fuites d'eau potable, les unes plus importantes que les autres. Argumentant les mauvaises conditions de travail, notamment l'inexistence chronique du matériel et des équipements nécessaires pour la réparation de conduites détériorées à l'origine d'importantes fuites ou pour la mise en place des compteurs, les salariés de ces deux centres dénoncent l'incompétence des responsables de ces deux structures.