"C'est une véritable catastrophe pour l'entreprise et pour notre agence. Nous avons manqué de vigilance et péché par excès de confiance", confie un cadre de la Société des eaux et de l'assainissement d'El-Tarf et d'Annaba (Seata). Ce haut responsable, qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité explique-t-il, a confirmé, en fin de semaine, que la direction de l'unité d'Annaba a déposé une plainte contre deux caissières de l'agence de la Menadia avec constitution de partie civile pour des détournements de deniers publics commis au détriment de la société. Cela en prenant des mesures conservatoires contre les deux dames, c'est-à-dire en les suspendant de leurs fonctions en attendant les décisions de justice. Alertés en juillet dernier suite à une tentative de malversations qu'a commise une employée contractuelle à l'agence Seata de la cité Saf-Saf, les services de ladite société se sont, en effet, rendu compte qu'un trou de 790 millions de centimes était apparu ces derniers mois dans les comptes d'une autre agence de la société des eaux située dans le quartier résidentiel de la Menadia, à l'autre bout de la ville. Sitôt la situation découverte, la direction indique qu'elle a immédiatement fait procéder à deux audits poussés, l'un mené par une équipe d'experts de la direction générale et l'autre par une équipe de l'unité d'Annaba. Deux audits qui sont remontés jusqu'à l'année 2004 et qui ont conclu à un détournement de fonds, dont le montant s'élève à 11 milliards de centimes, nous affirme-t-on. Une somme colossale si l'on considère la taille relativement modeste de cette seule agence Seata, laquelle dessert à peine 6 000 abonnés, s'étonne-t-on. Il est difficile d'imaginer qu'"un trou financier" de cette importance ait pu être l'œuvre de deux caissières sans qualification particulière, surtout que la gestion comptable et financière de la Seata est entièrement informatisée et que l'accès aux données n'est autorisé qu'à une hiérarchie initiée. À l'annonce de ce que l'on qualifie déjà à Annaba de "scandale des fontainiers", les langues se délient et certaines personnes proches des deux mises en cause prêtent à celles-ci un train de vie très au-dessus des moyens de la Seata, possédant appartement de haut standing et roulant dans des grosses cylindrées. L'une des deux caissières aurait même été surnommée "Madame Robocop" en raison du nombre imposant de bijoux qu'elle possèderait. La direction de Seata ébranlée par "ce coup dur, qui jette un discrédit sur l'ensemble du staff dirigeant" de l'avis de la plupart des dirigeants rencontrés, s'applique, quant à elle, "à préserver, aujourd'hui, les intérêts de la société et cela seulement". À la suite de sa plainte, une enquête a été confiée à la brigade financière par le parquet d'Annaba pour faire la lumière sur la gestion de la société des eaux. Nous apprenons que les membres des commissions d'audit ont été entendus par les enquêteurs toute la semaine dernière et que les premiers responsables de la DG de la Seata et de l'unité d'Annaba sont convoqués à partir de dimanche (aujourd'hui, ndlr) dans les bureaux de la brigade économique. Avant que la justice ne s'empare à son tour du dossier beaucoup de questions méritent d'être posées sur la gestion de la Seata. Qui a pu manipuler les comptes de la société pendant toutes ces années et surtout quel a été le rôle de la hiérarchie durant la période allant de 2004 à nos jours ? Pourquoi n'a-t-on pas mis en exploitation des logiciels performants dans les agences et préféré continuer à travailler avec un système informatique obsolète ? Comment a-t-on pu découvrir le pot aux roses en une semaine seulement, alors que les différents bilans comptables et financiers n'ont jamais fait état du moindre détournement ? A. A. Nom Adresse email