Dans un entretien accordé à la Chaine III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, l'ancien ministre et PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui est actuellement vice-président de l'Association algérienne de l'industrie du gaz, estime que le prix du pétrole a atteint son prix plancher concernant une bonne moitié de la production mondiale dont le prix de revient tourne autour d'une moyenne de 25 dollars, surtout dans les zones offshore où il atteint parfois 40 dollars. Il ne pourra pas descendre plus bas que le niveau actuel, c'est-à-dire 28, 30, 35 dollars, mais Abdelmadjid Attar reste prudent en faisant observer qu'il est extrêmement difficile de dire comment va évoluer dans un sens ou dans l'autre le prix du pétrole. Selon lui, tous les chocs pétroliers qui avaient eu lieu avant 2008 avaient des raisons très précises liées au marché, au jeu de l'offre et la demande, ou des crises géopolitiques dues à une instabilité dans une zone quelconque, et le prix du pétrole descendait et il reprenait. Actuellement, ce sont les facteurs qui ont entraîné le choc pétrolier et surtout le contexte, l'environnement économique mondial qui est complètement différent. Il y a, ajoute-t-il, des économies d'énergie, le monde consomme moins, et il y a de nouvelles technologies, maintenant on pense à des véhicules à 2 ou 3 litres au 100 km. L'Iran pourrait atteindre 200 000 barils/ jour de plus et 500 000 B/J d'ici la fin de l'année, ce n'est pas cela qui va aggraver ou améliorer la situation du marché. Selon Abdelmadjid Attar, «aujourd'hui, il y a déjà trop de pétrole sur le marché, soit 2 millions de barils, c'est ce qui est connu, car on ne sait, dit-il, ce qu'il y a au juste. Les réserves dans le monde diminuent, les coûts de production ont augmenté (autour de 15 dollars le baril en moyenne, alors qu'en Algérie, il était avant à 4 dollars). D'une éventuelle réaction salvatrice des pays membres de l'Opep pour contrecarrer la chute des prix pétroliers, l'invité déclare ne pas trop y croire. «Les choses ne vont pas changer parce qu'explique-t-il, il n'y a pas de solidarité» au sein de cette organisation, et que ce n'est plus elle qui régule les cours, mais le marché. Cette situation va durer, selon lui, trois ou quatre ans mais nous ne sommes pas à l'abri d'une crise majeure à l'échelle mondiale. Commentant les incidences de cette crise sur l'Algérie, il estime qu'il faut avoir recours à l'endettement intérieur et extérieur pour mener à bien des projets de développement, en attendant que le baril reprenne à la hausse d'ici deux ou trois ans jusqu'à 60 dollars, il pourrait atteindre en 2025, 140 dollars le baril. L'alternative, ajoute-t-il, c'est aussi de faire appel aux nouvelles énergies vis-à-vis desquelles «nous avons pris un énorme retard», parce que si on s'approvisionne uniquement en gaz, «on n'en aura même pas pour 15 ans». Pour l'intervenant qui appelle à sortir de la «rente», on ne peut parler d'épuisement des réserves énergétique en Algérie, qu'il appelle à utiliser d'une manière «raisonnable et rationnelle». En termes de réserves, il assure que le pays possède quelque 12 milliards et demi de barils de pétrole, 2 300 milliards de m3 de gaz, entre 700 à 800 milliards de m3 de gaz conventionnel et 20 000 milliards de m3 de gaz non conventionnel.