On doit faire vite, on ne veut pas rater le vernissage de l'artiste Kenza Bourenane qui doit exposer ses nouvelles œuvres à la galerie « El Yasmine ». A notre arrivée sur les lieux, une bien agréable surprise nous attend : une foule d'amis de la peinture commence à remplir les deux salles de cette sympathique galerie située à Dely Ibrahim. La pluie n'a donc pas découragé les amoureux de l'art, venus nombreux pour découvrir la vingtaine de toiles, nouvelles créations de Kenza Bourenane. Adoptant un style abstrait semi figuratif, l'artiste a choisi une thématique assez sombre, voire même avec un petit chouiya de provocation. L'exposition « Sur le fil » de Kenza Bourenane sent quand même un peu le souffre et c'est bien ça qui fascine et ravi les visiteurs. En face de ses œuvres, des mots nous viennent à l'esprit et ça tape à l'intérieur de notre crâne : provocation, censure, interdits, scandales, trahison...les œuvres de Kenza Bourenane nous font l'effet d'un électrochoc. La provocation, Kenza Bourenane veut la représenter sous toutes ses formes symboliques et, sur chacune de ses toiles, on retrouve un signe, un objet, une couleur. « Immersion 1 » représente une foule de personnages, les uns sur les autres symbolisant peut-être une société vivant l'anarchie totale. Dans « Immersion 2 », c'est plutôt des silhouettes sur un fond sombre avec des traits de couleur rouge représentant une bouche cousue, symbolisant une société soumise et asservie. « Reflets » est une toile représentant des silhouettes blanches avec un intérieur sombre...noir est donc la couleur de l'esprit de gens qui paraissent lumineuses ? Le message contenu dans la série des œuvres « composition » est plus claire, plus sombre, voire même plus macabre. Sur les toiles, un outil de mort, une guillotine sous toutes ses formes avec la lame acérée. Silhouette floue d'un corps allongé sous le couperet, des traits symbolisent le nombre de jours d'incarcération avant l'exécution, des silhouettes de probables condamnés qui attendant leur tour, ou encore cette tête ensanglantée laissant couler des larmes de sang...que de messages ! « Vérité » est aussi une œuvre qui vient nous interpeller : en haut une chaise vide, en bas sept ombres...est ce des gens qui attendent de subir un éventuel interrogatoire ? Peut-être... « Epreuve » c'est aussi cette guillotine tachée de sang, comme cette destinée des martyrs de la révolution. Dans « Dématérialisation », on distingue une silhouette blanche sur un fond sombre. Cette silhouette n'est elle pas cette conscience ou plutôt le fantôme de la révolution qui revient pour nous demander des comptes ? « Démos » est plus fort encore, il représente un univers de sang (celui des martyrs de la révolution, peut-être), quelques silhouettes enfermées dans un carré sombre semblent être des corps jetés dans une fosse commune. L'exposition « Sur le fil » de Kenza Bourenane est un véritable miroir des consciences dans lequel se reflètent les mensonges, les interdits et les trahisons, un véritable cri de désespoir d'une âme d'artiste bouleversée ...c'est du moins notre lecture, notre interprétation. Ce qui est certains, c'est que l'artiste Kenza Bourenane se rebelle et se révolte contre ces interdits, ces mensonges et ces actes de trahison qu'elle a du subir tout au long de sa vie, puis d'un coup, elle se lève comme pour nous dire « ça suffit, arrêtons de nous faire du mal ! » Par cette très belle exposition, l'artiste Kenza Bourenane vient rejoindre ces artistes provocateurs de la trempe de Mustapha Nedjaï. Exposition-vente «Sur le fil» de Kenza Bourenane, Galerie d'art « El Yasmine » Dely Ibrahim, visible jusqu'au 30 janvier 2016