A quelques semaines de la tenue du sommet des chefs d'Etat arabes prévu au Maroc, les observateurs internationaux s'interrogent sur ce que peuvent bien apporter les souverains arabes pour sauver la région d'une guerre dévastatrice qui s'annonce aux frontières nord de la Syrie. En réalité, ils ne peuvent qu'avaliser des décisions prises par le véritable épicentre de la Ligue arabe qui est le Conseil des pays du Golfe, drivé par l'Arabie Saoudite. Or, la monarchie wahhabite gère ses deux guerres (au Yémen et en Syrie), selon son propre agenda et dans l'impunité totale. Il y a deux ans, l'attitude de la Ligue arabe par rapport au conflit syrien était beaucoup plus positive, alors que même Damas en était déjà exclu. Malgré son absence, la Syrie sortait grandie du dernier sommet tenu à Bagdad. Au moment où la «communauté internationale, appuyée par les pays du Conseil de Coopération du Golfe, accentuait ses pressions pour faire capituler Damas, et en appelant à «armer l'opposition», le sommet arabe avait finalement appelé à favoriser une solution pacifique à la crise syrienne. Les dirigeants arabes, dans leur majorité, se déclaraient aussi en «faveur de l'unité et de la stabilité de la Syrie et opposés à toute intervention militaire» et «étrangère». Aujourd'hui, ces dirigeants sont les premiers à s'enthousiasmer pour renforcer les contingents d'une coalition dite islamique commandée par Riyad et destinée à mener la guerre à leurs frères. Dans la charte de la Ligue arabe, il existe une clause qui définit le principe de la défense commune entre les Etats membres, mais il n'est jamais dit que des pays arabes devraient se liguer contre d'autres pays «frères», comme c'est malheureusement le cas aujourd'hui. C'est pourquoi, cette Ligue n'a aucune raison d'être et ces sommets annuels ne font qu'enfoncer le monde arabe dans sa perdition.