Les dirigeants arabes se sont réunis en sommet au Koweït pour constater leurs divisions et bien qu'ils aient mis en sourdine leurs divergences. Même le sujet de la Syrie n'a pas été rassembleur. Le sommet s'est contenté d'appeler à relancer les efforts en vue d'un règlement négocié. Par contre, l'unanimité s'est dégagée pour ne pas reconnaître Israël comme un Etat juif. C'est la moindre des choses que de suivre le refus des Palestiniens sur cette nouvelle exigence des Israéliens. Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a été reçu la semaine dernière à la Maison-Blanche, a informé ses pairs arabes des résultats de ses entretiens avec le président Barack Obama. Le chef de la Coalition de l'opposition nationale syrienne, Ahmad al-Jarba, un proche de l'Arabie Saoudite, a prononcé un discours à l'ouverture du sommet, mais n'a pas pour autant occuper le siège de la Syrie car sa coalition n'a pas encore rempli les conditions requises, selon le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. Ce siège est vacant depuis la suspension de Damas en 2011. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi a fait le point pour sa part devant les dirigeants des 22 membres de la Ligue arabe sur les perspectives d'un règlement politique en Syrie après l'échec des négociations de paix à Genève. Il a affirmé qu'une reprise des négociations entre le régime et l'opposition, dont la deuxième session s'était achevée le 15 février sur un constat d'échec. La situation politique et sécuritaire au Yémen et en Libye, les retombées du Printemps arabe... autant de sujets qui ont été abordé dans les coulisses. Mais celui qui a le plus accaparé la l'attention même s'il n'a pas été exposé officiellement : les dissensions entre les pays du Golfe. Bahreïn, l'Arabie Saoudite et les Emirats ont retiré leurs ambassadeurs de Qatar, notamment à cause de son soutien aux Frères musulmans. L'atmosphère est particulièrement tendue depuis le début du mois. Doha héberge les dirigeants de la confrérie égyptienne qui a essaimé dans le monde musulman, en exil. Ce soutien du Qatar au Frères musulmans est considéré comme une politique déstabilisatrice pour les trois monarchies, quand bien même l'establishment religieux y est wahhabite, comme en Arabie Saoudite. Pour les dirigeants qataris, c'est une manière d'échapper à l'orbite du puissant voisin saoudien et de mener une politique étrangère indépendante. Durant les révoltes arabes en 2011, cela a même été pour eux une manière de tirer leur épingle du jeu en soutenant ce qu'ils pensaient être à l'époque le bon cheval, comme le gouvernement Morsi en Egypte. L'important pour eux est d'exister sur la scène internationale. Or, l'Arabie Saoudite a déclaré les Frères musulmans "organisation terroriste" et exigé du Qatar un changement radical de politique, voire la fermeture de la chaîne al Jazeera qu'ils considèrent comme leur porte-voix. Avec les Emirats arabes unis, ils soutiennent le régime militaire qui a renversé les Frères musulmans en Egypte à coups de milliards de dollars. C'est une situation compliquée, car de nombreux pays arabes dont le Koweït, comptent une frange importante de Frères musulmans qui ont pignon sur rue. Les divergences interarabes ont par ailleurs influencé le niveau de représentation au sommet de Koweït le pays hôte : seuls 13 des 22 membres de la Ligue ont confirmé la présence de leurs chefs d'Etat. D. B Nom Adresse email