C'est un homme fatigué, écrasé par un sommeil qui en disait long. Issa Hayatou, alors président de la FIFA par intérim et président de la CAF en exercice était lors de grands jours dans les nuages, somnolait alors que la planète toute entière était accrochée au téléphone, télé, tablette ou radio, attendait le résultat des élections pour connaître le n°1 de la Fifa. Au même moment dans les coulisses les commentaires vont train. «Il faut penser à la CAF à présent, Hayatou n'en peut plus... L'Europe avance l'Afrique fait du surplace...». D'autres journalistes évoquent une incapacité à gérer le foot africain au regard de sa maladie qu'il le dérègle. Ce n'est pas sa première glissade lors des grandes réunions. Hayatou, souvent, n'arrivait pas à se tenir debout. Il quitte le palais des congrès avec un goût d'amertume, lui qui avait tout misé sur le cheikh bahreïni Salman pour le poste de président de la FIFA. Et pourtant le travail fait pour lui construire une vie meilleure aura été que peine perdue. Cela aurait pu être aussi la raison de son malaise. Ses consignes n'ont pas résisté ou respecté face au nombre de votant. Hayatou était loin, très loin de son but. Les Fédérations africaines ont préféré Infantino. Faut peut-être décoder ce message des Africains. Le temps finira bien par apporter sa réponse. En attendant demain, une fumée apparaît déjà dans le camp du nouveau président. Les répercussions des consignes données pèseront lourdes sur les prochaines relations entre les deux hommes. Hayatou saura-t-il se défendre ? Pas sûr. Il aura toutes les peines du monde pour recoudre ce qu'il avait décousu en termes de relation avec l'actuel président. L'Italo-Suisse voit du mauvais œil le travail de souterrain mené par le président de la CAF pour dynamiter son élection, il ne digère pas ce soutien explicite de la CAF pour le rival Salman. Infantino ne restera pas les bras croisés. Il fera appel à ses soutiens des fédérations africaines pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Ainsi, tombe la marque de Hayatou au pied de la «nouvelle» FIFA. Mais se voulant diplomate Issa Hayatou a adressé samedi écoulé ses félicitations au nouvel homme fort du ballon rond. «Nous sommes confiants que vous allez redorer l'image de la Fifa grâce à votre brillant parcours, vos compétences, votre passion pour le football, votre compréhension des enjeux du football de demain, et votre souhait de développer notre sport roi aux quatre coins du monde.» Il n'a pas manqué de rassurer Infantino quant au soutien de son institution. «Soyez assuré du constant soutien de la CAF, des membres africains du nouveau conseil de la Fifa, ainsi que de notre engagement pour renforcer l'excellente relation entre la CAF et la Fifa», a écrit le Camerounais. Le journal Le Point rapporte que Gianni Infantino a misé sur l'Afrique, sa campagne prend le départ en Egypte pour la terminer en Afrique du Sud. Tout un symbole promet celui qui veut donner une place plus importante au continent africain dans les instances du football mondial. Il voulait d'emblée séduire les Africains en leur promettant une augmentation du nombre de membres qui doivent siéger au comité exécutif de la Fifa. L'Afrique passerait de quatre à sept membres. «La mesure phare annoncée quelques jours avant le vote est le passage de la Coupe du monde à 40 avec au moins deux équipes africaines supplémentaires. A la Coupe du monde 2014, l'Afrique disposait de cinq équipes, contre six pour l'Amérique du Sud ou 13 pour l'Europe, pour un total de 32 sélections.» L'autre promesse encore plus séduisante est la poursuite de la politique de construction des centres techniques et des sièges de confédérations partout dans le monde, son accélération devrait profiter au continent. Troisième promesse, et c'est sur ce terrain qu'il est attendu par les Africains. La promesse de mieux distribuer les revenus de la Fifa. «La Fifa génère cinq milliards de dollars de chiffre d'affaires. Est-il normal qu'elle ne puisse pas reverser 1,2 milliard de dollars aux fédérations ?», s'est interrogé l'Italo-Suisse. «Nous devons redistribuer 25% des revenus de la Fifa aux fédérations nationales. C'est votre argent, c'est l'argent des fédérations, ce n'est pas l'argent du président», a-t-il lancé devant l'assistance, promettant de «réinvestir dans des programmes de développement du football». «Infantino veut donc verser cinq millions de dollars sur quatre ans à chaque fédération et un million de dollars de plus aux fédérations isolées» pour des billets et frais de voyage, lesquels constituent un problème majeur dans les Caraïbes, en Océanie et en Afrique, estime-t-il. Voilà reste que la relation FIFA-CAF ne sera pas sous le même parapluie que déployait l'ex-président de la FIFA.